La bataille des chiffres continue autour d’Autolib’, après la résiliation du contrat de service d’auto-partage électrique. Le syndicat mixte Autolib’ Vélib’ — qui réunit cent trois communes utilisatrices, dont Paris, majoritaire en son sein —, et le groupe Bolloré, exploitant, se renvoient depuis des semaines la responsabilité du déficit.

Dans un entretien au Journal du dimanche du 29 juillet, Marie Bolloré, directrice mobilité du groupe, chiffre à 250 millions d’euros la somme à recouvrer auprès du syndicat mixte.

Lourdement déficitaire, le service parisien de voitures électriques partagées, dont le contrat a été résilié le 21 juin, prendra fin mardi à 23 h 59.

« Nous sommes en train de faire le calcul du montant que nous allons demander en septembre au syndicat mixte Autolib’ Vélib’, avec lequel nous étions sous contrat », dit Marie Bolloré. « Il prendra en compte les pertes que nous avons accumulées et les coûts de résiliation. Fin 2017, ces pertes représentaient 210 millions d’euros. Nous allons prendre 60 millions à notre charge », poursuit-elle, calculant :

« Il nous restera donc à recouvrer 150 millions d’euros, auxquels vont s’additionner tous les contrats que l’on arrête, les coûts de départ des collaborateurs, les valeurs nettes comptables de biens, comme les bornes de charge. Cela se chiffre à environ 250 millions. »

Le groupe Bolloré estime le déficit à un total de 293,6 millions d’euros, dont il n’accepte de prendre en charge que 60 millions. De son côté, le syndicat s’est refusé à acquitter une « facture démesurée ».

L’espace laissé libre par Autolib’ disputé

Lancé en fanfare en 2011 sous le mandat de Bertrand Delanoë, le dispositif fort de 150 000 abonnés a dû faire face à un changement des façons de se déplacer, avec le vélo électrique, le VTC et la location de véhicules privés. Sans compter son image dégradée et ses voitures souvent sales.

Le service devait pourtant au départ dégager un bénéfice d’au moins 56 millions d’euros par an, mais Bolloré avait rapidement annoncé un léger, puis un lourd déficit, déclenchant un audit et une procédure de conciliation rompue à la fin du mois de mai.

Les candidats se bousculent désormais pour occuper l’espace bientôt laissé libre par Autolib’ : Renault, via sa filiale Marcel, proposera une offre de VTC électriques, ainsi qu’une offre d’auto-partage, sans stations.

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De son côté le groupe PSA veut lancer son service d’auto-partage à Paris à la fin de 2018, tandis que le loueur Ada et la société de location entre particuliers Drivy préparent eux aussi des offres.