Il n’est plus qu’à 116 kilomètres du sacre, dimanche 29 juillet, sur les Champs-Elysées, à Paris, au lendemain du contre-la-montre remporté par le Néerlandais Tom Dumoulin à Espelette (Pyrénées-Atlantiques). Longtemps cantonné aux fonctions de super-équipier, le Gallois Geraint Thomas a pris le monde du cyclisme de court en dominant la 105e édition du Tour de France. En s’emparant du maillot jaune, il a volé la vedette à son coéquipier, Chris Froome, quadruple vainqueur de l’épreuve et pourtant favori.

Retour sur le parcours et les moments forts du Tour de Geraint Thomas.

Le chiffre

32

C’est l’âge de ce Britannique né à Cardiff, la plus grande ville du Pays de Galle, le 25 mai 1986. C’est sous le maillot gallois que celui qui est surnommé « G » par ses coéquipiers a gagné la course sur route des Jeux Olympiques du Commonwealth en 2014 à Glasgow. Le résultat le plus significatif pour le cyclisme gallois, à l’époque.

Sauf chute malencontreuse dimanche 28 juillet lors de la dernière étape entre Houilles (Yvelines) et les Champs-Elysées, il deviendra le premier Gallois de l’histoire à remporter le Tour.

Le lieu

Le pays de Galle

De quoi rendre fier tout un pays et le lycée de Whitchurch, à Cardiff, par lequel Geraint Thomas est passé, et qui vit au rythme des coups de pédale de son ancien protégé. « Même si tout le monde est désormais en vacances, toute l’école va encourager Geraint, assure le proviseur Huw Jones-Williams. C’est incroyable de voir un de nos anciens élèves en tête du Tour de France, et d’être le premier Gallois à le faire. Geraint était déjà une légende à Whitchurch. »

Le sacre du Gallois pourrait pousser la municipalité de Cardiff, qui a pour emblème un dragon rouge crachant des flammes, à y apporter une petite modification. « A la lumière des derniers événements, nous pensons à changer notre logo », a ainsi tweeté la ville samedi matin. Le dragon a été habillé d’un maillot jaune.

« J’ai une idée de ce qui se passe au pays de Galles, c’est incroyable, a de son côté réagi le cycliste, vendredi. C’est fou de voir tout l’intérêt qu’il y a à Cardiff ».

La citation

« La première victoire d’étape, c’était bien. Mais de gagner à l’Alpe d’Huez avec le maillot jaune, ça c’était vraiment génial. Je ne m’y attendais tout simplement pas. Ce jour-là, je voulais juste suivre les autres. L’Alpe d’Huez restera le moment le plus incroyable. »

Dans son bilan, le trentenaire en passe de gagner son premier grand tour, a insisté sur les Alpes, ses deux victoires d’étape consécutives à La Rosière puis à l’Alpe d’Huez, par lesquelles il s’est installé au sommet du Tour.

Mais Geraint Thomas a pris soin de préciser qu’il avait longtemps attendu, jusqu’à la dernière étape des Pyrénées, avant de se projeter vers la victoire finale : « Les gens peuvent ne pas me croire, mais la dernière étape de montagne (dans les Pyrénées) a été une bataille incroyable, je devais rester concentré. »

Le coéquipier adversaire

Froome

Comportement de gentlemen oblige entre Britanniques : Geraint Thomas et Chris Froome, le maillot jaune et son dauphin du Tour de France, avaient juré de ne pas s’attaquer dans la dernière semaine pour chercher la victoire finale, qui tend encore une fois les bras à Sky.

La relation entre Froome et Thomas est longue puisqu’ils se connaissent depuis une décennie, entre Barloworld que Froome a rejoint en 2008 et Sky, où ils ont tous les deux signé au moment de la création de la formation en 2010.

« Tant qu’il y a un coureur Sky sur la plus haute marche du podium à Paris, je serai content », assurait Froome en début de semaine. De là à sacrifier ses espoirs d’un cinquième sacre pour aider Thomas ? « Oui », soutenait l’Anglais de 33 ans.

« Nous sommes de bons coéquipiers. Ça fait de nombreuses années que nous sommes dans la même équipe. Nous vivons souvent ensemble dans les mêmes hôtels », soulignait quant à lui Geraint Thomas.

Sky a toutefois connu un Tour agité au dehors, avec un public franchement hostile à l’image de la montée chaotique de Froome vers l’Alpe d’Huez.

Les images

Lors du contre-la-montre remporté samedi 28 juillet à Espelette par le Néerlandais Tom Dumoulin. Geraint Thomas, en tête aux deux pointages intermédiaires, a baissé de pied dans le dernier tiers. Il s’est classé troisième de l’étape, à 14 secondes du vainqueur. / PHILIPPE LOPEZ / AFP

Lors de la 12e étape, à l’Alpe d’Huez, le 19 juillet. « J’étais sous pression sur toutes les étapes de montagne. J’ai vraiment beaucoup souffert à l’Alpe d’Huez, mais j’ai essayé de rester calme et fort. Les Pyrénées étaient très dures, surtout quand les autres ont remarqué que Chris Froome était moins bien. Mais une fois dans les Pyrénées, il fallait juste suivre Tom. C’est un coureur un peu similaire à moi. », a déclaré le coureur. / STEPHANE MAHE / REUTERS

Les premiers tours de roue

Le Gallois est passé par les vélodromes avant de s’orienter vers la route à la façon de Bradley Wiggins, le premier Britannique vainqueur du Tour (2012).

Champion olympique à Pékin en 2008 avec l’équipe de poursuite (et Wiggins), il a récidivé quatre ans plus tard à Londres.

Ce n’est qu’après ces JO à domicile qu’il s’est définitivement consacré à sa carrière sur route.

Thomas s’était pourtant signalé très tôt sur la route. En 2004, il avait gagné Paris-Roubaix juniors devant son futur coéquipier de Sky, Ian Stannard.

Le palmarès sur les grands tours

Longtemps cantonné aux fonctions de super-équipier, le futur vainqueur de la 105e édition du Tour a apprivoisé progressivement le rôle de leader. A son palmarès figurent des courses de référence d’une semaine, Paris-Nice (2016) et, en juin cette année, le Critérium du Dauphiné.

Dans les grands tours, Thomas a déjà eu sa chance. Mais il n’avait jamais obtenu de résultat probant. L’an passé dans le Giro, en Italie, il a perdu toute chance à cause d’une chute – provoquée par une moto de carabiniers. Le type d’accident qui lui est souvent arrivé par le passé (en 2017, il était en jaune sur le Tour quand une chute dans la 9e étape contraint à l’abandon), même s’il se défend en affirmant ne pas tomber plus souvent qu’un autre.

  • Tour de France : trois étapes (contre-la-montre Düsseldorf en 2017, La Rosière et L’Alpe d’Huez en 2018). Neuvième participation (139e en 2007, 66e en 2010, 30e en 2011, 140e en 2013, 22e en 2014, 15e en 2015 et 2016, abandon en 2017). Maillot jaune pendant 6 jours (4 en 2017, 2 en 2018, série en cours).
  • Giro : trois participations (118e en 2008, 80e en 2012, abandon en 2017)
  • Vuelta : une participation (69e en 2015)

L’anecdote

« Quand je faisais de la piste, j’étais gros »

« La vraie clé, c’est le poids. Quand je faisais de la piste, j’étais gros. J’étais jeune, pas très sérieux et, comme tout bon Gallois, j’aimais vider des pintes. Ensuite, j’ai fait beaucoup d’efforts pour maigrir », a expliqué dans le journal L’Equipe le futur maillot jaune du Tour de France.

Geraint Thomas (1,83 m) a perdu au moins 5 kg par rapport aux JO de Pékin. Pour passer sous la barre des 70 kg, pouvoir utiliser un rapport poids-puissance favorable en montagne et concrétiser son travail de forçat à l’entraînement.