Vivendi a choisi le cœur de l’été et la publication de ses résultats semestriels pour annoncer deux opérations d’ampleur, lundi 30 juillet. Tout d’abord, le groupe de communication et de médias a entamé des négociations exclusives pour racheter au groupe Planeta 100 % du capital d’Editis, deuxième éditeur français, qui compte une cinquantaine de maisons d’édition, dont Nathan, Bordas ou Robert Laffont. Montant de l’opération : 900 millions d’euros.

Pour Vivendi, ce rachat correspond au développement d’une nouvelle activité, à côté de la télévision payante, des jeux vidéo, de la musique et des télécoms. « Dans le cadre de ce projet, Vivendi et Grupo Planeta, groupe leader en Espagne et en Amérique latine dans les domaines de l’édition, des médias et de l’éducation, exploreraient de nouvelles opportunités dans le secteur de l’édition », déclare le groupe dans un communiqué.

Cette opération s’inscrit dans la stratégie de convergence de Vivendi, qui souhaite posséder de plus en plus le droit des œuvres en amont afin de les décliner sur tous les supports. « Les droits de propriété feront de Vivendi un acteur gagnant à long terme », a lancé le PDG du groupe, Arnaud de Puyfontaine, lors d’une conférence avec les analystes. Et de prendre l’exemple de l’ours Paddington, le célèbre livre pour les tout petits, dont Vivendi possède les droits hors édition (film, merchandising…) ou de Canal+ qui développe, avec la Fox, une série autour de l’ouvrage La Guerre des mondes, de H. G. Wells. Reste à savoir quels seront les titres d’Editis adaptés à ce type de politique.

Retour aux origines

L’an passé, le groupe d’édition a généré un chiffre d’affaires d’environ 750 millions d’euros et un bénéfice opérationnel de 60 millions d’euros. Ironie de l’affaire, il s’agit là pour Editis d’un retour à ses origines ; le groupe d’édition fut créé par Havas à la fin des années 90, qui appartenait déjà à l’époque à Vivendi. En grande difficulté au début des années 2000, Vivendi s’est vu obligé de céder ce pôle, qui s’appelait alors Vivendi Universal Publishing, à Lagardère en 2002.

Autre mouvement à venir de taille, la recherche de partenaires pour Universal Music, numéro un mondial de la musique. A la mi-mai, Vivendi avait annoncé étudier toutes les options possibles autour de son pôle musique. Finalement, il a préféré abandonner l’idée d’une entrée en Bourse, jugée « trop complexe et trop aléatoire », notamment en raison de la réglementation américaine. Pour le moment, Vivendi indique vouloir garder plus de 50 % du capital de sa filiale et mettre en place un « prix de réserve » en dessous duquel il ne descendra pas.

Arnaud de Puyfontaine, qui jurait encore en 2015 que la cession d’Universal Music ne se ferait qu’en « lui passant sur le corps », semble donc avoir changé d’avis. Officiellement, Vivendi fait venir des partenaires pour l’aider à développer sa division dans les nouveaux marchés clefs que sont la Chine, l’Inde et l’Amérique latine. Surtout, l’argent généré par cette opération doit servir à soutenir le cours de l’action. Il pourrait ainsi « être utilisé pour un programme de rachat d’actions conséquent et une réduction de capital », a précisé le groupe.

En Italie, où il est le premier actionnaire de Telecom Italia, Vivendi reste en difficulté. Il a ainsi déprécié sa participation dans le premier opérateur télécoms du pays de 512 millions d’euros. Il faut dire que le groupe de Vincent Bolloré a perdu au printemps la majorité au conseil d’administration au profit du fonds d’investissement Elliott, et n’a plus la main sur la stratégie.

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