Dans le camp de réfugiés rohingya de Balukhali, au Bangladesh, le 21 juillet. / MUNIR UZ ZAMAN / AFP

Dans son discours d’ouverture de la 38e session du Conseil des droits de l’homme en juin à Genève, le Haut-Commissaire Zeid Ra’ad Al-Hussein a dressé un tableau des atteintes aux droits de l’homme dans le monde et de la coopération ou non des Etats avec l’ONU.

Deux conflits ont été mis en lumière. En Syrie, « les horribles violations et abus perpétrés principalement par le gouvernement et ses alliés, mais aussi par de violents extrémistes et leurs partisans, ont détruit le pays et une partie importante de sa population ».

En Birmanie, « les attaques systématiques et continues contre les Rohingya en tant que communauté ethnique pourraient s’apparenter à des actes de génocide si une cour de justice venait à l’établir ». Il souligne qu’en dépit des promesses du pouvoir birman d’enquêter sur ces crimes, les actions du gouvernement n’ont « aucune crédibilité ». M. Hussein a dénoncé « le refus continu d’accès au terrain » d’observateurs et enquêteurs par Damas et Rangoun.

Le Haut-Commissaire s’est également inquiété de « l’étendue et la gravité des atteintes aux droits de l’homme » au Venezuela, ainsi qu’à la non-coopération du gouvernement avec l’ONU.

Idem pour le Burundi, où « la situation des droits de l’homme continue de se détériorer » et d’où « une équipe d’experts a été expulsée » cette année. Il a aussi noté que l’Inde et le Pakistan n’ont pas répondu à son initiative d’enquêter au Cachemire, de chaque côté de la ligne de front. Il s’est inquiété de la répression au Nicaragua et a appelé à une enquête internationale.

Il a également dénoncé « le refus continu » d’Israël « de garantir l’accès aux institutions sur les droits de l’homme », que ce soit pour enquêter sur les conflits à Gaza ou plus généralement « sur tous les territoires palestiniens occupés depuis 1967 », ainsi que le blocage de la Chine vis-à-vis d’un accès aux régions tibétaine et ouïgoure. Même critique contre Bahrein.

M. Hussein pointe également le refus de la Russie de laisser des enquêteurs accéder aux zones du Caucase du Sud qu’elle contrôle, ainsi qu’à la Crimée et à la Tchétchénie.

Parmi les pays qui posent le plus de problèmes de droits de l’homme, certains ont été mentionnés pour un semblant d’ouverture dans le dialogue avec les instances onusiennes. La Corée du Nord, où « les violations des droits de l’homme sont graves et systématiques », a accepté cette année une première visite d’un rapporteur spécial. La Turquie a accueilli des visites d’émissaires sur « les questions de torture, de liberté d’expression et de disparitions forcées », mais refuse systématiquement l’accès aux régions kurdes.

Réformes « impressionnantes » en Ethiopie

Le Soudan du Sud a officiellement accepté de coopérer, mais les enquêteurs sont empêchés d’aller « dans les zones où les plus sérieuses atteintes aux droits de l’homme sont commises ». D’autres Etats, tels que le Rwanda ou l’Indonésie, sont pointés du doigt pour un refus spécifique d’une visite d’un émissaire ou rapporteur de l’ONU.

Parmi les pays aux bilans mitigés, le Haut-Commissaire rend hommage au Bangladesh pour l’accueil des déportés rohingya de Birmanie, mais note son refus de coopérer avec l’ONU sur la situation interne au pays. Il remercie le Mexique pour son ouverture, mais note un blocage sur la question des disparitions forcées. Il enregistre la promesse d’ouverture du Cameroun, mais note le refus d’accéder aux zones anglophones où les combats se déroulent actuellement.

Du côté des félicitations sur une coopération allant en s’améliorant, M. Hussein évoque l’Afghanistan, ainsi que quinze autres pays ayant accepté des visites thématiques et dix pays ayant ratifié des traités internationaux liés aux droits de l’homme. Il célèbre les « encourageantes et impressionnantes » réformes en Ethiopie, ainsi que l’ouverture de l’Arménie, la Tunisie, la Moldavie, l’Ouzbékistan et de la Libye. Il signale des efforts récents de la Biélorussie et du Zimbabwe, auparavant fermés à ces questions.

Le Haut-Commissaire a conclu son tour d’horizon par la question des migrations, en pointant du doigt la Hongrie pour « la criminalisation de la défense des droits de l’homme aux frontières et de l’aide aux migrants », et les Etats-Unis pour « leur politique de punition des enfants ».