Vue colorisée du virus Ebola observé au microscope électronique à transmission. / Handout . / REUTER

Ce que les spécialistes d’Ebola craignaient est arrivé. La fin, décrétée le 24 juillet, de la neuvième épidémie ayant touché la République démocratique du Congo (RDC) – officiellement déclarée le 8 mai dans la province de l’Equateur (nord-ouest) – ne signifie pas que le virus a disparu du pays où il a été découvert en 1976. La dixième épidémie est déjà déclenchée.

Cette fois, le foyer identifié se trouve à plus de 2 500 km du précédent, dans la province du Nord-Kivu (est de la RDC), non loin de la frontière avec l’Ouganda. Selon le ministère de la santé, qui a dépêché une douzaine d’experts sur place, « vingt-six cas de fièvre avec des signes hémorragiques » ont été signalés, samedi 28 juillet, par les autorités locales. Parmi ces malades, vingt sont morts, dont un infirmier.

Deux décennies de conflits

Six prélèvements effectués sur ces patients ont été transférés le 31 juillet à Kinshasa, où ils ont été analysés à l’Institut national de recherche biomédicale. Quatre des six échantillons se sont révélés positifs pour Ebola. Le virus est donc officiellement présent dans cette province ébranlée par deux décennies de conflits et d’exactions commises par l’armée et les dizaines de groupes armés présents dans la zone.

Pour l’instant, tous ces cas d’Ebola se concentrent dans l’aire de santé de Mangina, située dans le territoire de Béni, où se sont déroulés de nombreux massacres attribués à un groupe islamiste, mais plutôt épargnée par les violences politiques.

« Les malades viennent avec des vomissements, des selles liquides, des hémorragies nasales et des vomissements de sang. Nous n’avons pas d’intrants pour les soigner et le personnel est exposé à la contamination », a déclaré à l’AFP le docteur Alain Musondolya, en poste dans cette localité.

Selon des sources concordantes, le « patient zéro » pourrait être un agriculteur établi à Masimbembe, près de Mangina. Il serait mort en mai. Son champ se trouvait un peu plus au nord, dans la province voisine de l’Ituri où, comme le redoutent des experts, des cas pourraient être identifiés.

Personnel médical en grève

Le ministre de la santé, Oly Ilunga, se veut toutefois rassurant : « Bien que nous ne nous attendions pas à devoir faire face à une dixième épidémie aussi tôt, la détection du virus est un indicateur du bon fonctionnement du système de surveillance. » La détection de l’épidémie s’est pourtant faite tardivement car une partie du personnel médical s’est mis en grève dans la province du Nord-Kivu, pour protester contre ses conditions de travail et réclamer le versement de primes impayées.

Les autorités locales ont constitué des comités de crise dans les deux zones touchées par Ebola. A Mangina tout comme à Béni, les logisticiens de Médecins sans frontières ont déjà installé des tentes dans les enceintes des centres de santé, et du matériel est acheminé par l’Organisation mondiale de la santé et le ministère congolais de la santé.

Le gouverneur de la province, Julien Paluku, a appelé au « calme et à la prudence ». La neuvième épidémie a tué trente-trois personnes dans le nord-ouest du pays. Au Nord-Kivu, province la plus densément peuplée de RDC, la dixième épidémie a déjà fait vingt morts.