Devant un monument en mémoire des victimes du génocide des Herero et des Nama, à Windhoek, capitale de la Namibie, en juin 2017. / GIANLUIGI GUERCIA / AFP

L’Allemagne a plaidé, mardi 31 juillet, à New York, pour demander l’annulation d’une procédure judiciaire lancée par les tribus herero et nama, originaires de Namibie, qui lui réclament réparation pour le génocide dont ont été victimes leurs ancêtres.

A l’issue de l’audience, qui s’est tenue en présence de très nombreux représentants des deux communautés, la juge Laura Taylor Swain du tribunal fédéral de Manhattan a indiqué qu’elle ne statuerait pas immédiatement, mais n’a pas fixé de date.

Les Nama et les Herero demandent réparation pour les persécutions intervenues à l’époque de l’Afrique allemande du Sud-Ouest (1884-1915), colonie qui couvrait un territoire devenu depuis la Namibie. Des dizaines de milliers de Herero et quelque 10 000 Nama ont été tués entre 1903 et 1908 après s’être rebellés contre les Allemands, qui les avaient soumis à un régime de privations et de spoliations.

Principe d’immunité

L’Allemagne, qui a officiellement reconnu ces exactions, négocie actuellement avec la Namibie un accord qui pourrait comprendre des excuses officielles et la promesse d’aides au développement en guise de dédommagement.

Mais Herero et Nama, qui n’ont pas été invités à ces discussions, ont saisi la justice civile américaine en janvier 2017 pour obtenir des dommages et intérêts directement de Berlin.

Mardi, l’un des avocats de la République fédérale, Jeffrey Harris, a fait valoir que l’Allemagne bénéficiait, par défaut, du principe d’immunité d’un Etat souverain, ce qui entraînait selon lui la nullité de la procédure.

Le principal avocat des communautés herero et nama, Kenneth McCallion, avance de son côté que deux des trois exceptions prévues à ce principe d’immunité s’appliquent en l’espèce. D’une part, l’Allemagne possède quatre bâtiments à New York, qui ont été acquis avec des fonds publics ; or, l’essentiel du produit des spoliations des tribus est allé à l’Etat allemand. D’autre part, un musée allemand a vendu, en 1924, une série d’ossements de victimes du génocide à un collectionneur américain qui en a ensuite fait don au Musée américain d’histoire naturelle à New York.

Jeffrey Harris a estimé que, dans le premier cas, la traçabilité des fonds était insuffisante et que, dans le second, l’achat des ossements n’équivalait pas à du commerce avec les Etats-Unis, ce qui invaliderait l’argument.