Aux championnats d’Europe de natation, à Berlin, en 2014. / TOBIAS SCHWARZ / AFP

Après les obscurs Jeux européens, qui ont connu leur première édition dans le plus parfait anonymat en 2015 à Bakou, une nouvelle compétition continentale voit le jour cette année. Du 2 au 12 août, les premiers Championnats européens espèrent profiter du désert médiatique traditionnel de la première quinzaine aoûtienne.

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Sept fédérations sportives, toutes olympiques – aviron, cyclisme, natation, triathlon, golf, gymnastique et athlétisme –, ont en effet décidé d’unir leurs forces (ou leurs faiblesses) en organisant des championnats d’Europe conjoints. La grande majorité des épreuves se déroulera à Glasgow tandis que les athlètes se mesureront, eux, à plus de 1 700 km de là, au stade olympique de Berlin. Au total, 4 500 sportifs (dont 1 500 pour l’athlétisme) se disputeront 187 médailles d’or sur 12 différents sites de compétition. L’explication de cette dichotomie est simple : au moment où ce projet a été validé, les championnats d’Europe d’athlétisme avaient déjà été attribués à Berlin.

« Trouver le juste équilibre »

Ces mini-Jeux olympiques regroupent des sports aux situations bien distinctes. La natation et l’athlétisme peuvent se targuer du fort retentissement de leurs compétitions européennes. A l’inverse, par exemple, les championnats d’Europe de triathlon ou de cyclisme (sur route il s’agira seulement de la troisième édition) se déroulent en général en toute discrétion. « Le principe est de regrouper les championnats européens individuels déjà existants pour accroître l’intérêt du public, des diffuseurs, des médias, des villes hôtes, des sponsors… », explique Jon Ridgeon, l’un des responsables de European Championships Management, la société organisatrice.

S’il est évidemment prématuré de juger du succès public de l’événement, les principaux diffuseurs européens sont en tout cas au rendez-vous : de la BBC à la Rai en passant par ARD/ZDF et France TV. Le service public français retransmettra plus de 100 heures de direct sur trois antennes (France 2, France 3 et France Ô). « Cela ressemblera à ce que l’on est amené à faire lors des JO. Il y aura une prise d’antenne le matin, un plateau qui assure la continuité d’un événement à un autre, décrit Pascal Golomer, directeur adjoint de la rédaction des sports de France TV. L’idée est de trouver un juste équilibre entre suivre une compétition suffisamment longtemps pour satisfaire ceux qui sont très attachés à cette discipline et savoir aussi varier les plaisirs pour satisfaire le plus grand nombre. Il ne faut pas zapper toutes les trente minutes et pas non plus rester non stop sur la gym. »

La programmation des épreuves a été prise très au sérieux par les organisateurs, qui ont procédé à des ajustements jusqu’à la dernière minute. Il a fallu contenter tout le monde et éviter les télescopages fâcheux. « C’est sûr que l’on ne va pas interrompre les soirées d’athlétisme, qui n’ont pas d’équivalent en termes de puissance d’intérêt, par une autre épreuve. Mais le charme de cette couverture est de passer lors des matinées et des après-midis d’une discipline à l’autre et d’échapper aux temps morts », précise Pascal Golomer.

Dans l’aspiration des poids lourds que sont la natation et l’athlétisme, les autres disciplines comptent bien profiter de cette exposition inespérée. Comme le signale très lucidement Philippe Lescure, président de la Fédération française de triathlon : « Il faut le reconnaître, les disciplines olympiques, c’est une réalité, existent médiatiquement essentiellement tous les quatre ans, et, pour certaines d’entre elles, lors des championnats du monde… » Un sentiment conforté par l’aveu de Pascal Golomer : « On espère qu’un public qui n’aurait pas été devant son poste de télé va regarder les championnats d’Europe de triathlon, que l’on n’aurait d’ailleurs peut-être pas diffusés. »

Du côté de la gymnastique, où certains ont tout de même regretté un bouleversement du calendrier qui place les championnats d’Europe (d’habitude en avril) seulement deux mois avant les Mondiaux, on compte bien profiter de l’aubaine. « Glasgow est pavoisé des drapeaux des championnats. Les athlètes sentent qu’il s’agit d’un événement particulier, qu’ils font partie d’une véritable délégation française. C’est intéressant de côtoyer d’autres sportifs. J’espère que nos résultats nous permettront de tirer notre épingle du jeu et de nous mettre en lumière », espère Kevinn Rabaud, nouveau DTN de la gymnastique française.

Une deuxième édition déjà en préparation

Même la puissante Fédération de natation devrait tirer un avantage important de ce regroupement. Toutes les disciplines de la natation devraient ainsi être mises en valeur. « Les journalistes seront déjà arrivés pour la tenue de disciplines plus confidentielles, qui débutent traditionnellement ces championnats comme l’eau libre ou le plongeon », se réjouit Julien Issoulié, DTN de la natation française.

Une deuxième édition de ces championnats européens est déjà prévue pour 2022. Selon Jon Ridgeon, plusieurs villes sont même candidates. Il n’a pas encore été décidé de conserver deux villes hôtes ou de passer à une seule. « Il faut que cela reste raisonnable en termes de rythme de ces championnats et de programme de diffusion. Si d’autres sports s’agrègent, ce sera de toute façon de manière limitée », précise l’ancien médaillé d’argent mondial sur 110 m haies. La pérennité de ce projet dépendra grandement du succès des audiences télévisuelles de Glasgow et de Berlin. Idéalement situé après le Tour de France et avant le début de la saison de football, tous les espoirs sont permis.

Onze jours, 13 disciplines : athlétisme (6 au 12 août) ; natation (3 au 9 août) ; eau libre (8 au 12 août) ; plongeon (6 au 12 août) ; natation synchronisée (3 au 7 août) ; triathlon (9 au 11 août) ; aviron (2 au 5 août) ; gymnastique (2 au 12 août) ; golf (8 au 12 août) ; cyclisme sur piste (2 au 7 août) ; cyclisme sur route (5, 8, 12 août) ; BMX (10, 11 août), VTT (7 août)