L’entreprise suédoise Spotify a banni des podcasts d’Alex Jones. / BRENDAN MCDERMID / REUTERS

La plate-forme de streaming musical Spotify s’est toujours montrée frileuse à l’idée de supprimer des contenus. Mercredi 1er août, elle a pourtant confirmé, dans les colonnes du magazine Variety, avoir banni plusieurs épisodes de podcasts d’Alex Jones pour avoir violé ses règles sur les discours de haine.

Alex Jones est une figure hautement controversée aux Etats-Unis. A la tête du site d’extrême droite Infowars, qui diffuse régulièrement des informations erronées, trompeuses et des théories conspirationnistes, il avait notamment affirmé que l’attaque par arme à feu de l’école de Sandy Hook, en 2012, n’avait jamais existé.

En juillet, il a d’ailleurs été sanctionné par Facebook, qui a retiré quatre de ses vidéos et l’a interdit d’utiliser son compte pendant trente jours. YouTube a également agi en supprimant certaines de ses vidéos et en l’empêchant de diffuser des contenus en direct pendant quatre-vint-dix jours.

Internautes en colère

En revanche, le silence de Spotify, sur lequel Alex Jones héberge quatre podcasts, avait alors fini par faire du bruit. De nombreux internautes, à la tête desquels Jared Holt, du think tank Right Wing Watch – un observatoire de l’extrême droite états-unienne –, avaient dénoncé certains propos tenus dans ces émissions et contraires au règlement de Spotify. Ils évoquaient par exemple des discours de haine contre les musulmans, les personnes LGBTQ, mais aussi des menaces contre le procureur spécial Robert Mueller, chargé de l’enquête sur les interférences prêtées à la Russie dans l’élection présidentielle américaine de 2016. Spotify a donc fini par réagir, en supprimant des émissions et en affirmant à Variety « prendre au sérieux les signalements de contenus haineux ».

Contrairement à d’autres grandes plates-formes comme Facebook, YouTube ou Twitter, Spotify est peu prompt à bannir les contenus problématiques. En mai, après des accusations de violences sexuelles visant l’artiste R. Kelly, le groupe suédois avait à la hâte dévoilé de nouvelles règles interdisant tout contenu promouvant ou incitant à la violence ou à la haine. L’entreprise avait aussi déclaré que le comportement des artistes pourrait influer sur la manière dont « elle travaille avec eux ». Et avait dans la foulée retiré la musique de R. Kelly de ses playlists – elles étaient toujours disponibles sur la plate-forme, mais plus mises en avant. Cette décision avait généré un tollé, avant que Spotify fasse marche arrière, assurant que son rôle n’était pas de « réguler les artistes ».