Le constructeur américain de voitures électriques Tesla, qui tente de résorber d’importants retards de production de son Model 3, a plus que doublé ses pertes au deuxième trimestre. / GREG BAKER / AFP

Le constructeur américain de voitures électriques Tesla, habitué des polémiques autour de son médiatique patron, Elon Musk, a rassuré mercredi 1er août sur sa production après de nombreux retards et confirmé viser un bénéfice d’ici la fin de l’année. Le titre bondissait de 9,16 % à 328,70 dollars dans les échanges électroniques suivant la clôture de Wall Street, les investisseurs semblant apprécier également une légère amélioration des flux de trésorerie.

« Après avoir atteint notre objectif de 5 000 [Model 3] par semaine, nous allons augmenter [le rythme], avec l’objectif d’atteindre 6 000 Model 3 par semaine d’ici fin août », a fait savoir le groupe. Le but est ensuite d’augmenter encore la cadence pour atteindre 10 000 véhicules par semaine « le plus vite possible », poursuit Tesla, qui explique avoir résolu l’essentiel des problèmes qui avaient entraîné des retards de production et donc de longs délais d’attente pour les clients.

Pénétrer le segment moyen de gamme

Le Model 3, dont le prix de base est de 35 000 dollars (environ 30 000 euros), doit permettre à l’entreprise de pénétrer le segment moyen de gamme et d’atteindre une production de masse au moment où les constructeurs automobiles américains classiques, à l’instar de Ford, se désengagent du marché des voitures compactes.

Le groupe, qui a des légions d’adeptes allant de l’acteur oscarisé Leonardo DiCaprio au rappeur Kanye West, avait évoqué il y a deux ans viser une production de 500 000 voitures par an en 2018, alors que celle-ci n’atteignait même pas 100 000 en 2017. Tesla s’attend à produire 50 000 à 55 000 Model 3 au troisième trimestre. Il en a livré 18 449 sur le deuxième trimestre.

Un patron habitué des polémiques

Tesla, qui s’est démarqué en transformant la voiture en un « gadget » électronique avec des technologies très avancées, est régulièrement malmené en Bourse, souvent à cause des frasques de son très médiatique patron.

Habitué des polémiques, notamment via Twitter dont il est très friand, Elon Musk avait dû s’excuser récemment après avoir traité de « pédophile » un spéléologue britannique qui avait aidé au sauvetage d’enfants pris au piège dans une grotte en Thaïlande. Cet épisode avait conduit certains analystes à s’interroger sur son équilibre mental et sa capacité à diriger son groupe.

Tesla a annoncé au printemps une restructuration, prévoyant notamment une baisse de 9 % de ses effectifs et la suppression d’échelons hiérarchiques intermédiaires, aboutissant notamment au départ du responsable de la production du Model 3.

Le groupe fait aussi l’objet d’enquêtes sur son système d’aide à la conduite Autopilot, censé préfigurer la conduite autonome, impliqué dans des accidents ces derniers mois, dont certains mortels.

Chiffre d’affaires au-dessus des attentes

Au deuxième trimestre, l’entreprise californienne a plus que doublé sa perte, à 717,5 millions de dollars, contre 336,4 millions à la même période en 2017. Le chiffre d’affaires est ressorti un peu au-dessus des attentes, à 4 milliards de dollars (+ 43 %), quand les analystes tablaient sur 3,92 milliards en moyenne.

Le groupe d’Elon Musk a par ailleurs dégagé une marge brute légèrement positive au deuxième trimestre pour le Model 3 et a dit s’attendre à de nouvelles améliorations : 15 % au deuxième trimestre puis 20 % au quatrième.