Soumaïla Cissé s’adressant à ses partisans à Bamako, le 3 août 2018. / ISSOUF SANOGO / AFP

Le candidat de l’opposition au second tour de la présidentielle malienne, Soumaïla Cissé, a appelé, vendredi 3 août, les candidats battus à former autour de lui un « large front démocratique » contre le chef de l’Etat sortant, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

Crédité de 17,8 % des suffrages au premier tour, contre 41,42 % pour M. Keïta, Soumaïla Cissé a dénoncé, devant quelques centaines de militants réunis à l’extérieur de son quartier général en milieu de journée, ces résultats annoncés jeudi soir, qu’il a qualifiés de « ni sincères, ni crédibles ».

« Ce sont les résultats de la fraude, d’un bourrage des urnes honteux en faveur du président de la République sortant, ce sont des résultats manipulés. Nous ne les accepterons pas ! », a lancé l’ancien ministre des finances, alors que débute la campagne pour le second tour, fixé au 12 août.

M. Cissé a lancé un appel aux vingt-deux candidats éliminés pour qu’ils constituent autour de lui un « large front démocratique contre la fraude et pour l’alternance ».

Largement battu en 2013

Estimant que « le camp du changement est désormais majoritaire », celui qui avait été largement battu en 2013 par IBK a estimé que la victoire était cette fois « à portée de main » à condition que l’opposition « se rassemble ». Il ne pourra pas compter sur les quelque 11 600 voix (0,36 %) de la seule femme candidate, Djénéba N’Diaye, qui a annoncé dans la matinée son ralliement au président sortant.

Devant ses militants, Soumaïla Cissé a aussi apporté son soutien à la radio privée Renouveau FM, fermée jeudi par le gouverneur de Bamako à la suite d’une virulente chronique du contestataire et animateur vedette Ras Bath, qui est l’un de ses partisans. « L’ostracisme au niveau de l’ORTM [la télévision publique], vous le savez [qu’il existe]. Maintenant, c’est le secteur privé qui est touché. Cela montre ce que pourrait être un deuxième mandat. Que Dieu nous en garde », a-t-il dit.

La communauté internationale, présente militairement au Mali avec la force française « Barkhane » (qui a succédé à l’opération « Serval », déclenchée en 2013 contre les djihadistes) et avec les casques bleus de l’ONU, attend du vainqueur une relance de l’accord de paix signé en 2015 par le camp gouvernemental et l’ex-rébellion à dominante touareg. L’application de ce texte accumule les retards.