Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans différentes villes du pays, comme Téhéran, Ispahan ou Karaj, pour une cinquième soirée consécutive pour protester contre l’inflation provoquée par la chute du rial alors que les sanctions américaines doivent être rétablies mardi, rapportent les agences de presse et les réseaux sociaux.

L’agence de presse Fars fait état de protestations pacifiques dans « cinq à six villes » depuis mardi contre les coupures d’eau, la hausse des prix et le chômage, avec « quelque 1 000 à 2 000 protestataires dans la rue ». Les Iraniens, usés par une crise économique endémique qui attise la colère contre le système politique, craignent une aggravation de la situation marquée par la chute de la monnaie iranienne, le rial, qui a perdu environ deux tiers de sa valeur en six mois.

Après avoir longtemps menacé de retirer les Etats-Unis de l’accord conclu en juillet 2015 sur le programme nucléaire de la république islamique, Donald Trump a, en effet, confirmé sa décision au mois de mai. Cet accord prévoyait un allégement des sanctions en échange d’un contrôle de la politique atomique iranienne. Les Etats-Unis ont justifié leur revirement, affirmant que l’Iran constitue une menace pour la sécurité au Moyen-Orient, et ont demandé aux autres pays de cesser leurs importations de pétrole iranien sous peine de sanctions financières.

« Mort au dictateur »

A Téhéran, des dizaines de protestataires ont scandé « mort au dictateur », en référence au guide suprême de la Révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, selon une vidéo publiée sur les réseaux sociaux et dont l’authenticité n’a pu être vérifiée. Une autre vidéo, dont l’authenticité n’a pas pu être vérifiée, montrait une présence policière massive et des routes bloquées à Karaj, située à l’ouest de Téhéran.

Le site d’information conservateur Qom News a publié une vidéo d’une manifestation à Machhad après la prière de vendredi, au cours de laquelle un dignitaire religieux accuse des responsables politiques de « ne pas se soucier des problèmes du peuple ».

A Eshtehard, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Téhéran, « environ 500 manifestants ont attaqué une école religieuse, tentant de briser ses portes et de brûler des objets », vendredi soir, a rapporté samedi l’agence Fars, proche des conservateurs, en citant le directeur de l’école. Ils « sont arrivés avec des pierres et brisé toutes les fenêtres de la salle de prière, en scandant des slogans contre le régime », avant d’être dispersés par la police antiémeute, a-t-il ajouté, en faisant état d’arrestations. Une attaque que les conservateurs, opposés à la politique de conciliation du président Rohani, ont soulignée.

Les images des protestations suggèrent tout de même que ces manifestations n’ont pas l’ampleur des troubles de décembre et janvier, quand au moins 25 personnes avaient été tuées dans des protestations qui avaient agité des dizaines de villes.

Les exportations de brut iranien pourraient chuter des deux tiers d’ici à la fin de l’année en raison des sanctions américaines qui vont placer les marchés pétroliers sous une forte pression. Le rétablissement des sanctions américaines concernera l’achat de dollars par l’Iran, son commerce de l’or et des métaux précieux, ainsi que les échanges de métaux, le charbon et les logiciels informatiques liés à l’industrie.