Jugés pour appartenance à l’organisation Etat islamique, un Français de 58 ans et une Allemande ont été condamnés à la perpétuité, une peine équivalente en fait à vingt années de prison, lundi 6 août par la Cour pénale centrale de Bagdad. Cette durée d’emprisonnement est régulièrement infligée aux Occidentaux ayant rejoint le groupe djihadiste.

Durant l’audience, Lahcen Gueboudj, Français de 58 ans, a démenti toutes ses déclarations obtenues lors d’interrogatoires et citées par le juge affirmant avoir « signé des aveux en arabe sans savoir ce qui était écrit ». Il y aurait notamment affirmé avoir prêté allégeance à l’EI et avoir suivi des entraînements dirigés par le groupe djihadiste.

L’homme qui s’exprimait en français avec un accent du sud de la France a expliqué être parti avec sa femme et ses enfants en Turquie puis en Syrie. « Je n’aurai jamais quitté la France si mon fils aîné Nabil, 25 ans, n’avait pas rejoint la Syrie », a-t-il expliqué. Je voulais le convaincre de rentrer avec nous en France. » Il s’est présenté comme « un civil à Rakka puis durant sept mois à Mayadine », deux importants bastions de l’EI en Syrie, dont les djihadistes ont aujourd’hui été chassés.

Le juge lui a montré une photo de lui, portant une longue barbe blanche au moment de son arrestation. Il a dit se reconnaître, sans toutefois pouvoir préciser le lieu de son arrestation. Il a affirmé n’avoir jamais rejoint l’Irak mais avoir été arrêté par l’Armée syrienne libre (ASL, rebelles) après s’être « perdu près d’un village » en Syrie puis avoir été ensuite emmené par des membres des forces américaines en Irak.

Une Allemande affirme avoir voulu « fuir les gens de l’EI »

De son côté, Nadia, une Allemande dont le nom et l’âge n’ont pas été dévoilés, a raconté à l’audience être venue en Turquie avant de passer en Syrie puis en Irak avec sa sœur, sa mère et sa fille Yamama.

Son avocat a plaidé qu’elle était mineure au moment des faits et que son mariage avec un djihadiste de l’EI relevait du « viol commis par un groupe armé et non d’une décision prise par un adulte en toute conscience ». Répudiée par son mari, la jeune femme a affirmé être ensuite partie vers l’Irak avec sa mère et sa fille « pour fuir les gens de l’EI ».

Sa mère, Lamia K. arrêtée avec Nadia en juillet 2017 à Mossoul dans le nord de l’Irak, avait été condamnée en janvier 2018 à la peine de mort, sentence ensuite commuée en réclusion à perpétuité. Nadia, comme M. Gueboudj ont trente jours pour faire appel.