Carles Puigdemont, à Bruxelles, le 28 juillet. / Olivier Matthys / AP

Le parti indépendantiste Alliance néoflamande (N-VA) pourrait proposer à l’ex-dirigeant catalan Carles Puigdemont de figurer sur sa liste pour les élections européennes de 2019, a affirmé, le 2 août, le quotidien belge Het Laatste Nieuws. L’information n’a, jusqu’ici, pas été confirmée par les deux parties mais une source interne la formation de Bart De Wever indique au Monde que « des discussions se poursuivent ». L’entourage du président catalan est quant à lui silencieux.

Réinstallé en Belgique après son arrestation en Allemagne et la décision du juge de la Cour suprême espagnole qui, le 19 juillet, a levé les mandats d’arrêt européens et internationaux émis à son encontre, M. Puigdemont a annoncé sa volonté de poursuivre, à distance, son combat politique, malgré l’échec de sa déclaration d’indépendance, en octobre 2017. Il tente d’ailleurs de lancer un nouveau rassemblement et d’installer en Belgique un « Conseil de la république ». « Ce n’est pas la fin. Je voyagerai jusqu’au dernier recoin de notre continent pour défendre la juste cause du peuple catalan », a-t-il déclaré à son retour d’Allemagne.

La N-VA estime qu’une candidature de M. Puigdemont en Belgique lui offrirait, à coup sûr, un siège d’eurodéputé supplémentaire – elle en compte quatre actuellement, membres, à Strasbourg, du groupe de droite Conservateurs et réformistes européens, celui des Tories britanniques et du PiS polonais.

« Un ami » de Bart De Wever

Les « exilés » catalans, qui ont organisé diverses manifestations à Bruxelles, ont notamment pu compter jusqu’ici sur le soutien actif du président N-VA de la Région flamande, Geert Bourgeois, et de ministres importants du gouvernement fédéral belge, comme les responsables de la migration et de l’intérieur, Theo Francken et Jan Jambon. Le président de la formation indépendantiste et maire d’Anvers, Bart De Wever, décrit également M. Puigdemont comme un « ami ». Il n’a toutefois pas encore pris sa décision quant à une candidature du Catalan.

Rien ne semble, a priori, empêcher une telle éventualité. Des citoyens européens peuvent, en effet, se présenter dans un autre Etat membre s’ils sont enregistrés comme électeur de ce pays et prouver qu’ils jouissent du droit de vote dans leur pays d’origine. Le fait qu’un mandat d’arrêt à l’encontre de l’ex-dirigeant soit encore en vigueur en Espagne ne gênerait pas ses amis flamands. En revanche, le fait qu’il soit installé en Wallonie – à Waterloo – et ne parle pas le néerlandais pourrait être deux obstacles…

La législation belge énonce qu’un candidat aux européennes ne doit pas prouver qu’il parle la langue de la région où il se présente mais déclarer « de bonne foi » qu’il la maîtrise. Un propos du Catalan disant qu’il connaît le néerlandais ferait sans doute beaucoup rire. A moins que l’on considère, en fait, que sa nationalité l’exonère de l’obligation de parler l’une des trois langues officielles du royaume (le français, le néerlandais et l’allemand).

M. De Wever analyse, lui, les effets de son possible « coup » médiatico-politique au travers du prisme national. Partisane de l’indépendance de la Flandre, ou au moins de la mise en place d’une « confédération belge », la N-VA a cependant accepté, depuis 2014, de geler son programme institutionnel et de gouverner le système fédéral à parité avec des francophones – le Mouvement réformateur du premier ministre, Charles Michel. Une alliance avec M. Puigdemont lui permettrait de réaffirmer son identité et son objectif d’une autonomie de la Flandre.

Reste à savoir si les électeurs de la N-VA seront aussi sensibles que le croient ses dirigeants à une cause catalane qui, en réalité, ne paraît pas mobiliser au-delà du cercle des défenseurs purs et durs du vieux projet indépendantiste flamand. Un projet qui a connu un parcours aussi chaotique que douteux à certaines périodes de l’histoire.