LES CHOIX DE LA MATINALE

Au menu de notre liste hebdomadaire : le portrait d’une famille à la dérive, un western des temps modernes et un mélodrame sur l’Allemagne au temps de la guerre froide.

« Casual », une dernière saison attendrissante

On doutait, à l’issue de sa saison 3, de la nécessité que Casual, la série créée par Zander Lehmann, se prolonge davantage : ses treize épisodes avaient fait se déliter la substance fragile mais sensible de ce portrait d’un trio familial (un frère, une sœur et la fille adolescente de cette dernière) bourgeois-bohême, passablement à la dérive.

Cette quatrième et dernière saison, qui a sagement réduit sa voilure (huit épisodes parfaitement calibrés), nous fait retrouver les personnages quelques années plus tard et redonne à Casual le rythme et la poésie qui faisaient son charme. Avec ce petit supplément d’âme qu’apporte en général la perspective d’un point final mis au récit – la conclusion est joliment trouvée – d’une série qui nous aura sinon passionnés du moins attendris. Renaud Machart

« Casual », saison 4, série créée par Zander Lehmann. Avec Michaela Watkins, Tommy Dewey, Tara Lynne Barr, Nyasha Hatendi, Julie Marie Berman, Frances Conroy (EU, 2018, 8 × 26 minutes).

Casual saison 4 - Bande annonce - CANAL+
Durée : 01:29

« Guyane », western des temps modernes

Après avoir exploré le noir nordique, l’espionnage, la série politique, la fiction historique ou le monde policier-judiciaire, Canal+ se lance avec Guyane dans une forme de western des temps actuels. Un western, rigoureusement documenté, qui a pour cadre ce petit bout de France vibrant des échos de l’orpaillage clandestin et du jeu du gendarme et du voleur engagé contre les camps sans cesse renaissants des chercheurs d’or, esclaves de la boue et du mercure ou esclavagistes sans scrupule.

Ecrite par le scénariste de bande dessinée Fabien Nury, réalisée par Kim Chapiron et Philippe Triboit, Guyane nous transporte dans le village fictif de Saint-Elias, dernier hameau sur l’Oyapock avant la luxuriante et dangereuse forêt amazonienne. La richesse de Guyane doit beaucoup à la superbe interprétation de tous les acteurs mais aussi au rôle capital qu’y jouent les femmes, voire même un personnage secondaire local, la ­picolette, un oiseau que l’on entraîne au chant pour des championnats au son des Suites pour violoncelle seul de Bach… Martine Delahaye

« Guyane », saison 1, série créée par Fabien Nury. Avec Mathieu Spinosi, Olivier Rabourdin, Issaka Sawadogo, Anne Suarez (France, 2016, 8 × 52 minutes). Canal+ à la demande.

Guyane - Bande Annonce officielle CANAL+ [HD]
Durée : 00:45

« Berlin 56 », un mélodrame en six épisodes

Année 1956 : quelque dix ans se sont écoulés depuis la fin de la guerre. Mais, en Allemagne, il est des passés qui ne passent pas, malgré la tentative de beaucoup de mettre de funestes et parfois coupables souvenirs au troisième sous-sol de leur mémoire. Car ils ont spolié, fait fortune dans l’armement, profité du régime hitlérien. Berlin, naguère lieu d’effervescence artistique et sexuelle, devient une ville puritaine. On y pourchasse les homosexuels et l’on y traite les « hystériques » par électrochocs.

Entre Berlin est et ouest, non encore scindés, c’est cette époque que narre cette production allemande. Mais, en dépit d’une image soignée et d’une lumière sous-saturée, qui donne à ses décors une « patine » à l’ancienne, Berlin 56 déçoit par ses facilités dignes d’un mélodrame à l’eau de rose. De surcroît, alors que les six épisodes auraient pu permettre de creuser davantage les situations et les caractères psychologiques, cette minisérie ressemble en fait à un téléfilm rallongé. R. Ma.

Berlin 56, série créée par Annette Hess. Avec Claudia Michelsen, Sonja Gerhardt, Maria Ehrich, Emilia Schüle, Heino Ferch (All., 2016, 6 × 45 minutes). Episodes 4 à 6, Arte, jeudi 9 à partir de 20 h 55.

"Berlin 56" ce soir sur Arte
Durée : 00:30