Boris Johnson à Londres, le 3 juillet. / Simon Dawson / REUTERS

Boris Johnson aura une nouvelle fois réussi à faire l’unanimité contre lui. L’ancien ministre britannique des affaires étrangères « a provoqué l’indignation » et « n’aurait pas dû utiliser ce langage », accuse la première ministre britannique, Theresa May. De tels propos « augmentent les risques de crimes racistes », ajoute Sayeeda Warsi, membre (conservatrice) de la chambre des Lords.

Dans sa dernière chronique hebdomadaire dans le Daily Telegraph, lundi 6 août, il critique le port du voile intégral en termes fleuris : « C’est absolument ridicule que les gens choisissent de se promener en ressemblant à des boîtes aux lettres. » Plus loin dans sa chronique, les mêmes femmes intégralement voilées lui font penser à des « braqueurs de banque ».

En plein creux de l’été, et alors qu’une bonne partie des dirigeants du Parti conservateur voue une sainte détestation à ce ténor du Brexit, l’occasion était trop belle. Depuis quarante-huit heures, les appels à présenter des excuses ou à imposer des sanctions se multiplient. Mohamed Sheikh, autre membre tory de la haute chambre britannique, appelle à des sanctions disciplinaires, pour retirer à Boris Johnson, qui demeure député, son étiquette du Parti conservateur.

« On aurait pu avoir un débat intéressant »

Pour Sonia Purnell, auteure d’une excellente biographie de Boris Johnson, c’est précisément ce que souhaitait l’ambitieux rival de Mme May : « Ses mots sont nauséabonds et clivants, explique-t-elle sur la BBC. (…) On aurait pu avoir un débat intéressant sur le sujet mais, à la place, on parle tous de son choix de vocabulaire. C’est exactement ce qu’il veut. Tout le monde parle de lui, il reste au centre des informations, et son espoir éternel de devenir un jour le leader [du Parti conservateur] demeure. »

Sur le fond, son approche reprend le consensus qui domine au Royaume-Uni. Boris Johnson s’oppose à l’interdiction de la burqa et du niqab, qui vient d’entrer en vigueur au Danemark, avec un argumentaire libéral classique : s’il n’aime pas le voile intégral, il estime qu’une loi l’interdisant serait contre-productive, « transformant en martyrs [celles qui le portent] et risquant une répression contre tous les symboles publics d’appartenance religieuse, ce qui empirerait le problème ».

Munira Mirza, qui travaillait avec lui à la mairie de Londres, dénonce une « bataille politique » : « Des gens qui ne s’intéressent absolument pas au sort des femmes musulmanes tombent sur Boris parce que c’est Boris qui a tenu ces propos. »

L’intéressé a fait savoir qu’il ne comptait pas s’excuser. Il sait qu’il peut avoir l’opinion publique de son côté, laquelle semble même vouloir être encore plus dure : les derniers sondages, qui datent de 2017, indiquent que la moitié des Britanniques veulent une loi interdisant la burqa.