Greta Gerwig (à droite) dans « Frances Ha » de Noah Baumbach. / Pine District

Mercredi 8 août, à la tombée de la nuit, Frances Ha (2013) de Noah Baumbach est projeté au Festival Ciné plein air de la Villette. L’occasion de (re)découvrir le film qui a consacré l’actrice Greta Gerwig, passée cette année, avec succès, de l’autre côté de la caméra. Lady Bird, son premier long métrage en tant que réalisatrice a en effet décroché le Golden Globe 2018 de la meilleure comédie.

Le septième film de Baumbach, figure du cinéma indépendant new-yorkais, se distingue dans une programmation placée sous le signe de la chanson, ouverte le 18 juillet par La La Land. Elle se refermera le 19 août par l’œuvre qui a inspiré le film de Damien Chazelle, Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy.

Frances Ha - Bande annonce VOST
Durée : 01:42

Si Frances Ha n’est pas une comédie musicale stricto sensu, le film accorde une large place à la musique et à la danse. Trentenaire exubérante, Frances (Greta Gerwig) espère devenir chorégraphe. Mais lorsque sa meilleure amie – et colocataire – décide de quitter leur petit appartement new-yorkais pour un quartier plus chic, son quotidien déraille. D’autant que la compagnie de danse qu’elle comptait intégrer lui propose à la place un job de standardiste. De colocs improvisées en petits boulots, de désillusions en victoires, avec hardiesse et maladresse, mais sans aucun cynisme, Frances vagabonde pour trouver sa place au cœur de la « Big Apple ».

La fougue de « Modern Love »

Le thème du festival de la Villette invite à tendre l’oreille à la bande originale. Si le charme du film tient à cet « alliage entre des personnages hyper-contemporains et une mise en scène flirtant avec le rétro », les envolées mélodieuses y sont pour beaucoup. Outre l’image en noir et blanc et les scènes d’errance à Paris, l’hommage à la Nouvelle Vague se fait en musique. En atteste la scène d’ouverture où Frances et Sophie batifolent dans la ville au rythme trépidant d’un thème de Georges Delerue originellement composé pour Une Belle fille comme moi, de François Truffaut. Celui de Domicile conjugal, du même Truffaut, vient plus tard bercer les déambulations de la jeune femme. Quant à l’énergie des années 1980 – en écho à la fantasque Frances –, elle est au rendez-vous avec des tubes de Paul McCartney ou Hot Chocolate. Et surtout par le Modern Love de David Bowie, dont Baumbach traduit toute la fougue dans un travelling exalté suivant Frances qui court, saute et tourbillonne dans les rues de New York.

Le succès, cette année, de Lady Bird, premier film en tant que réalisatrice de Greta Gerwig, invite enfin à jeter un regard neuf sur son rôle principal dans Frances Ha – qui lui valut une nomination aux Golden Globe 2014 en tant que meilleure actrice dans une comédie. Célébrée comme muse de Baumbach, elle est aussi co-scénariste de ce film. Et l’on se rend compte que beaucoup de thèmes de Lady Bird étaient déjà en germe dans Frances Ha. Comme celui du rapport à la famille, d’autant que les parents de Gerwig jouent leur propre rôle dans la scène du dîner. Ou celui du parcours initiatique, tendrement lumineux, d’une jeune Californienne aspirant au bouillonnement artistique new-yorkais. Comme Frances et comme Greta Gerwig, l’héroïne de Lady Bird a été élevée à Sacramento avant de tenter sa chance sur la côte Est. S’il ne s’agit pas des même personnages, Lady Bird apparaît alors comme un retour au source, avant le départ à New York.