Le président russe Vladimir Poutine lors d’une cérémonie au Kremlin, à Moscou le 28 juillet. / Pavel Golovkin / AP

« Inadmissibles », « inamicales », « illégales ». Le Kremlin ne manquait pas de mots jeudi 9 août pour qualifier les nouvelles sanctions économiques américaines contre la Russie, accusée par Washington d’être responsable de l’affaire Skripal.

Sergueï Skripal, ancien agent double russe qui vit désormais en Angleterre, a été victime en mars d’une tentative d’empoisonnement au Novitchok – un agent neurotoxique mis au point par l’Union soviétique à la fin de la guerre froide – tout comme sa fille Ioulia, à Salisbury. L’un et l’autre s’en sont sortis, après des semaines d’hospitalisation.

L’affaire avait déclenché une grave crise diplomatique entre le Kremlin et les Occidentaux, et une vague d’expulsions croisées de diplomates. Et si les tensions entre les deux pays avaient paru s’amoindrir lors des échanges d’amabilités pendant le sommet d’Helsinki entre Donald Trump et Vladimir Poutine en juillet, l’heure est de nouveau à la confrontation.

Annoncées mercredi, les sanctions américaines devraient entrer en vigueur autour du 22 août et concerner l’exportation de certains produits technologiques, comme des appareils ou de l’équipement électroniques.

« Partenaire imprévisible »

La Russie a d’ores et déjà averti qu’elle préparait une réplique à ces mesures punitives. « Nous considérons comme absolument inacceptable l’annonce de nouvelles restrictions en lien avec l’affaire de Salisbury et les considérons comme illégales, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Nous démentons encore une fois de la manière la plus catégorique toutes les déclarations sur une quelconque implication de la Russie. »

M. Peskov a qualifié les Etats-Unis de « partenaire imprévisible », mais ajouté « garder l’espoir de relations constructives avec Washington » :

« Ces relations ne sont pas seulement dans les intérêts de nos deux peuples, mais aussi de la stabilité et de la sécurité dans le monde. »

A Moscou, le ministère des affaires étrangères a accusé Washington d’avoir « sciemment choisi le chemin de la confrontation dans les relations bilatérales, qui sont déjà pratiquement réduites à zéro par ses propres efforts ».

Le ministre des finances, Anton Silouanov, a assuré que le gouvernement et la banque centrale disposaient de « tous les instruments nécessaires pour garantir la stabilité financière », relevant que l’économie russe était devenue « ces dernières années bien plus résistante aux chocs extérieurs ».

L’empoisonnement confirmé de l’ex-agent double et de sa fille par leur exposition au Novitchok avait été attribué par Londres au gouvernement russe, qui avait nié toute implication et demandé des preuves. Une Britannique de 44 ans, mère de trois enfants, est ensuite morte le 8 juillet après avoir été exposée à un poison contenu dans un flacon de parfum. La police britannique a établi qu’elle avait également été exposée au Novitchok. Londres a salué les nouvelles mesures américaines comme « un message univoque à la Russie que son attitude impétueuse ne restera pas sans réponse ».

La Russie est soumise à des sanctions occidentales de plus en plus strictes depuis l’annexion de la Crimée en 2014, contribuant avec la chute des prix des hydrocarbures à provoquer deux ans de récession dont elle est sortie fin 2016. Les Etats-Unis n’ont cessé de renforcer leur arsenal de sanctions ces dernières années, sur fond d’accusations d’ingérence russe dans les élections américaines, et ce malgré les promesses de réconciliation de Donald Trump.