Sur Wikipédia, 82 % des articles concernent des hommes. / Flickr / CC BY 2.0/@bastique

On a souvent l’habitude de montrer du doigt l’intelligence artificielle pour ses potentielles dérives. Mais pour une fois, son intervention pourrait être particulièrement bénéfique. Une start-up californienne, Primer, a développé un outil s’appuyant sur le traitement automatique du langage naturel pour redonner à des scientifiques méconnus leur juste place dans Wikipédia. Quicksilver, le nom du projet, a analysé un corpus de 500 millions d’articles de presse et de 39 millions d’articles scientifiques pour identifier les chercheurs et les chercheuses qui sont absents de l’encyclopédie en ligne mais mériteraient d’y figurer. L’outil est également capable de préparer de courtes présentations « prêtes à l’emploi » selon les standards de l’encyclopédie en ligne.

Pour le moment, l’IA a déjà identifié 40 000 scientifiques aux profils similaires à d’autres ayant une page sur Wikipédia. Elle a produit une centaine de fiches prêtes à être incluses sur le site. Joelle Pineau, directrice du laboratoire de recherche sur l’intelligence artificielle de Facebook à Montréal, est d’ailleurs la première personne repérée par Quicksilver à débarquer sur Wikipédia.

Les femmes aux abonnés absents

Comme elle, de nombreuses femmes scientifiques manquent à l’appel sur l’encyclopédie, qui propose 82 % d’articles centrés sur des hommes. « La sous-représentation des femmes dans le domaine de la science sur Wikipédia est une très mauvaise chose », a estimé Jessica Wade auprès du site Wired. Physicienne au collège impérial de Londres, elle s’est appuyée sur l’IA pour rédiger l’article sur Mme Pineau : « Avec Quicksilver, il n’est plus nécessaire de chercher des heures les noms manquants et vous avez rapidement à votre disposition une énorme quantité d’informations très bien sourcées. »

Quicksilver pourrait également être utilisé pour déceler les articles n’ayant pas été mis à jour depuis un certain temps.