L’ancien président du Parlement vénézuélien, Julio Borges, s’adresse à des journalistes à Bogota, en Colombie, où il vit en exil, le 8 août. / RAUL ARBOLEDA / AFP

La Cour suprême vénézuélienne a ordonné mercredi l’arrestation de Julio Borges, ex-président du Parlement en exil, et lancé la procédure pour le juger, en pleine offensive du pouvoir contre l’opposition que le président Nicolas Maduro accuse d’avoir voulu l’assassiner.

La Cour s’est aussi déclarée favorable à des « poursuites » contre le député Juan Requesens, 29 ans, qui a milité avec Julio Borges dans le parti d’opposition Primero Justicia (la Justice d’abord). Il a été arrêté mardi et placé dans un lieu de détention. Il est également impliqué, selon M. Maduro dans la « tentative de magnicide », c’est-à-dire d’assassinat d’une personnalité de haut rang, selon les termes du procureur Tarek William Saab.

Selon le procureur, 19 personnes au total sont « directement liées » à cet attentat qui, selon le gouvernement, a été organisé à partir d’une ferme à Chinacota, en Colombie, par des personnes qui ont reçu 50 millions de dollars.

Le procureur a notamment cité deux « financiers » supposés de l’attaque, Rayder Ruso Marquez et un colonel à la retraite, Oswaldo Valentin Garcia, actuellement en Colombie, ainsi qu’une troisième personne, Osman Delgado Tabosky, dont il a demandé l’extradition auprès des Etats-Unis.

Réalité ou « farce » ?

Bogota et Washington ont nié toute implication et l’opposition crie au montage. « Il n’y a pas eu d’attentat. Cela a été inventé par le gouvernement. C’est un rideau de fumée créé pour menacer, réprimer », a déclaré mercredi à l’AFP à Bogota Julio Borges qui dénonce une « farce » et une « mise en scène ».

Selon lui, « Ils nous accusent de tout (...) parce que nous avons obtenu des sanctions » internationales de pays occidentaux contre le gouvernement Maduro. Julio Borges s’est dit  « en sécurité »  dans son exil en Colombie, estimant que le mandat d’arrêt prononcé à son encontre à Caracas n’existait  « pas légalement » .

Juan Requesens a de son côté été arrêté mardi soir par des membres de la police secrète.  « Sans aucun mandat d’arrêt, ils sont arrivés à la résidence et l’ont emmené par la force », a affirmé à des journalistes le père du député. Juan Requesens, qui fut l’un des meneurs parmi les étudiants lors de la vague de protestations de l’opposition qui a fait en quatre mois plus de 125 morts et des centaines de blessés en 2017, a été qualifié de  « psychopathe »  par Nicolas Maduro.

Exode massif

« C’est le moment pour les pays de la région qui sont confrontés aux migrations, qui souffrent des migrations de condamner Maduro et de lui dire qu’il est temps pour lui de partir », a déclaré l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU en visite à la frontière entre la Colombie et le Venezuela.

Nikki Haley a annoncé que Washington allait allouer neuf millions de dollars (7,75 millions d’euros) à la Colombie afin de fournir de l’aide humanitaire à plusieurs centaines de milliers de réfugiés vénézuéliens présents sur le territoire colombien. Près d’un demi-million de personnes ont fui le Venezuela, en proie à une grave crise économique et politique, à la recherche de nourriture et de travail en Colombie.

Des dizaines de personnes tentent de traverser la frontière entre le Venezuela et la Colombie, le 8 août. / LUISA GONZALEZ / REUTERS

Mercredi, l’Equateur a aussi décrété l’état d’urgence dans les provinces limitrophes du Pérou et de la Colombie en raison d’un afflux grandissant de migrants vénézuéliens, qui atteint 4 200 par jour.

Les Vénézuéliens, étranglés par la crise économique, souffrent de pénuries qui touchent les produits de première nécessité, notamment les médicaments et les produits alimentaires. L’inflation pourrait atteindre 1 000 000% fin 2018 selon le Fonds monétaire international , et le PIB devrait s’effondrer de 18%.