Thomas se trouvait sur l’île de Bali lorsqu’il a senti la terre vibrer sous ses pieds. « Les lits, les miroirs tremblaient. C’était très léger, pas du tout aussi impressionnant que ce qu’il y a eu à Lombok, mais c’était assez pour nous dissuader de partir » ce week-end au sud l’île de Lombok. « Nous avons hésité, mais au final nous avons annulé nos vols et nos hôtels sur place. L’ambassade ne nous a déconseillé que le nord de l’île, là où il y avait eu l’épicentre, mais nous ne voulons pas prendre de risque. » Au final, ils partiront dans la province de Sulawesi, loin de Bali, où ils espèrent « être plus tranquilles ».

Thomas n’est pas le seul à avoir pris cette décision : sur Internet, ils sont de plus en plus nombreux à remettre en question leurs vacances en Indonésie, échangeant conseils et informations sur la situation de l’île sur Twitter ou Facebook. Et beaucoup choisissent de ne pas prendre de risque.

Nolwenn a elle aussi longuement hésité : « Nous partons de Paris ce dimanche, et quand on a vu qu’il y avait eu un séisme, on s’est pas trop inquiétés sur le moment. » Mais plus les heures passent et moins la situation est rassurante :

« Nous avons décidé de contacter notre hôtel, sur une des îles Gili [au nord de Lombok]. Ils étaient très rassurants en nous disant que seulement quelques touristes avaient décidé de rejoindre Bali, et que tout allait bien. »

Cependant, le lendemain, l’étudiante en droit de 26 ans déchante :

« En allumant la télé, on a vu que les Gili étaient en train d’être évacuées, que le bilan n’arrêtait de s’alourdir, que les secours étaient débordés… On ne voulait pas participer à ça. »

A la place, Nolwenn passera ses deux semaines à Bali, l’île n’étant pas déconseillée aux voyageurs.

Il n’y a pas que les départs immédiats qui sont affectés : certains internautes, dont les réservations étaient prévues pour la fin du mois, sont aussi en train d’annuler, au grand dam des hôteliers sur place.

Un impact difficile à quantifier

Une des responsables du Lombok Astoria Hotel nous le confirme :

« Quasiment toutes les réservations que nous avions pour les prochains mois ont été annulées. Nous sommes désertés, alors que l’hôtel n’a eu aucun problème de sécurité. »

Les propriétaires d’hôtel ont peur de voir les gens partir, comme après le tsunami dévastateur de 2004, responsable de la mort de 170 000 personnes rien qu’en Indonésie. « Les touristes ont mis longtemps à revenir chez nous », regrette-t-elle.

Près de 12,2 millions d’emplois dépendent du tourisme en Indonésie

Il faut dire que le tourisme est l’un des secteurs les plus importants de l’économie indonésienne, dont dépendent près de 12,2 millions d’emplois et qui compte pour 5,8 % du PIB du pays, comme le calcule le Figaro. L’année d’après le tsunami, le secteur avait régressé de 6 %, selon une étude de l’Organisation mondiale du tourisme, soit 300 000 touristes en moins, un désastre pour l’économie locale.

Chez l’agence de voyages spécialisée sur la destination Marco Vasco, on se veut néanmoins rassurant : « Il va forcément y avoir un impact, même si cela va être difficile à quantifier. » Pour l’instant, l’agence n’a en tout cas « pas reçu énormément de demandes d’annulation, et a même organisé des départs cette semaine à Bali ».

Du côté du ministère du tourisme indonésien, on essaie également de minimiser la situation : selon un communiqué de presse publié lundi, malgré le tremblement de terre, la région nord de Lombok reste « propice » au tourisme, puisque « aucun touriste n’a été blessé ou touché par le séisme, et que l’aéroport de l’île n’a pas subi de dégâts ».

Les images du séisme meurtrier en Indonésie
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