Le vice-président irakien, le laïc Iyad Allaoui (à gauche) et le dirigeant chiite et nationaliste Moqtada Al-Sadr, à Njaf, le 7 juillet. / HAIDAR HAMDANI / AFP

L’alliance du nationaliste Moqtada Al-Sadr et des communistes a remporté les élections législatives irakiennes, après le recomptage manuel décidé en juin par la Cour suprême en raison de soupçons de fraude, a annoncé vendredi 10 août commission électorale.

Le dirigeant chiite a confirmé sa première place avec 54 sièges, lors du premier scrutin organisé après la victoire sur le groupe djihadiste Etat Islamique (EI). L’EI avait fait trembler durant trois ans le pays en contrôlant un tiers du territoire et notamment Mossoul, grande ville du Nord, dont les terroristes avaient fait leur capitale.

Ce recomptage des bulletins, décidé en raison des failles supposées dans le décompte électronique et les soupçons de manipulation, n’a pas changé radicalement les résultats. L’unique gain concerne l’Alliance de la conquête, regroupement d’anciens combattants anti-djihadistes proches de l’Iran, qui a remporté un siège supplémentaire au détriment d’une liste locale à Bagdad. Elle maintient sa seconde position avec 48 sièges – au lieu de 47 –, a précisé la commission composée de neuf juges.

Les six uniques changements sont intervenus parmi les candidats au sein des listes. La liste du premier ministre Haïder Al-Abadi reste en troisième position avec 42 sièges, suivie de celle du laïc Iyad Allaoui (21 sièges), qui compte de nombreuses figures sunnites, et celle de la liste de Hikma du dignitaire chiite Ammar Al-Hakim (19 sièges).

Des alliances à nouer

En raison du système électoral à la proportionnelle, aucune liste ne peut à elle seule obtenir la majorité absolue. Des alliances doivent donc se nouer pour obtenir la majorité des 329 sièges du nouveau Parlement.

La Cour suprême doit désormais proclamer les résultats définitifs, puis le président de la République sortant a quinze jours pour convoquer le nouveau Parlement, qui doit élire un nouveau chef de l’Etat. Ce dernier doit alors choisir un premier ministre au sein de la coalition majoritaire.

Les tractations vont bon train et les rencontres se multiplient alors que les mouvements de contestation sont toujours vivaces, notamment dans le sud du pays. La colère gronde contre la corruption, le chômage ou l’absence de services publics, malgré les sommes colossales investies, dont une partie s’est retrouvée dans les poches de politiciens et de hauts fonctionnaires.

Moqtada Al-Sadr, qui avait fait campagne contre la corruption et organisé chaque semaine des manifestations contre ce fléau, a présenté aux autres partis une liste de 40 propositions, notamment sociales, et déclaré que si elles étaient refusées, il siégerait dans l’opposition.

L’Iran à la manœuvre

Pour la première fois depuis l’instauration du multipartisme en 2005, après la chute du dictateur Saddam Hussein et la conquête du pouvoir par les chiites, majoritaires en Irak, les partis de cette communauté se sont présentés en ordre dispersé aux législatives du 12 mai.

En outre, Moqtada Al-Sadr, qui avait multiplié les signes d’indépendance face à l’Iran, allant même jusqu’à effectuer une visite en Arabie saoudite, grand rival de Téhéran. Depuis, la république islamique chiite est à la manœuvre. L’influent général Ghassem Soleimani, émissaire iranien régulièrement impliqué dans les affaires irakiennes, a tout d’abord tenté de constituer une coalition sans M. Sadr. Mais, ayant réalisé qu’il était difficile à écarter, Téhéran cherche désormais à l’inclure dans une vaste alliance pour le neutraliser.