Manifestation à Bucarest, dimanche 12 août. / DANIEL MIHAILESCU / AFP

Ils ne décolèrent pas. Pour le troisième soir consécutif, des milliers de Roumains sont descendus dans la rue à Bucarest, dimanche 12 août, afin de protester contre le gouvernement de gauche.

Chantant l’hymne national et agitant des drapeaux de la Roumanie, les manifestants, beaucoup moins nombreux que les deux nuits précédentes – ils avaient alors été des dizaines de milliers –, se sont à nouveau rassemblés place de la Victoire, en face du siège du gouvernement. Nombre d’entre eux ont à nouveau accusé le gouvernement de corruption et réclamé sa démission.

Vendredi, les manifestants avaient été environ 80 000 à demander la démission du gouvernement social-démocrate de Viorica Dancila, l’accusant de « corruption » et de vouloir « contrôler la justice ». Plus de 450 personnes avaient été blessées pendant cette manifestation qui a dégénéré, dont une trentaine de gendarmes. Des manifestants avaient tenté de rompre le cordon policier, jetant des pierres et de bouteilles d’eau en direction des forces de l’ordre. Ces dernières avaient riposté en ayant recours à du gaz lacrymogène avant d’utiliser un canon à eau pour évacuer la place.

« Intervention brutale et disproportionnée »

Le président roumain de centre droit Klaus Iohannis, en conflit ouvert avec la majorité parlementaire de gauche, a fustigé « l’intervention brutale et disproportionnée » des forces de l’ordre et demandé au parquet général d’ouvrir une enquête. Il a reproché dans la foulée au gouvernement d’« oeuvrer contre les intérêts des citoyens », accusant les responsables du parti social-démocrate (PSD, au pouvoir) de « mener le pays vers le chaos et le désordre ».

Mise directement en cause, la ministre de l’intérieur, Carmen Dan, a assuré que les gendarmes avaient agi en respectant la loi pour « défendre les institutions de l’Etat ».

La Roumanie est le théâtre de manifestations régulières depuis un an et demi, avec un pic d’un demi-million de personnes dans la rue en février 2017. Depuis son retour au pouvoir fin 2016, le PSD a entamé une vaste réforme de la justice qui menace l’indépendance des magistrats et vise à permettre à des responsables politiques d’échapper aux poursuites, selon ses détracteurs.