L’ancien archevêque Philip Wilson, à la sortie du tribunal de Newcastle, en Australie, le 14 août. / Darren Pateman / AP

L’ancien archevêque australien Philip Wilson, condamné à un an de détention pour avoir couvert des abus pédophiles, n’ira pas en prison, un tribunal lui ayant accordé mardi de purger sa peine à domicile.

En mai, Philip Wilson, 67 ans, alors archevêque d’Adélaïde, avait été reconnu coupable d’avoir dissimulé les abus commis dans les années 1970 par Jim Fletcher, prêtre pédophile, dans la région de Hunter (Nouvelle-Galles du Sud), en s’abstenant de révéler les accusations portées contre lui.

M. Wilson était l’un des ecclésiastiques les plus haut placés dans la hiérarchie catholique mondiale à être condamné pour de tels faits. Le pape a accepté sa démission, à la fin juillet.

Le tribunal de Newcastle, au nord de Sydney, l’avait reconnu coupable d’avoir caché un crime grave passible de poursuites commis par une autre personne et l’avait condamné à douze mois d’emprisonnement, sans possibilité de libération anticipée avant six mois.

Le juge Robert Stone, qui avait renvoyé sa décision sur l’aménagement de la peine, a annoncé mardi que l’ancien archevêque n’aurait pas à purger celle-ci derrière les barreaux. Les médias locaux rapportent que l’état mental et physique de M. Wilson ainsi que son âge étaient entrés en ligne de compte.

Dans le cadre de son assignation à résidence, dont on ignore où elle se déroulera, M. Wilson devra porter un bracelet électronique, rapporte le Newcastle Herald.

Le juge avait relevé en mai que « le condamné n’avait témoigné aucun remords ni contrition », selon le groupe de médias ABC.

Sept pour cent des religieux catholiques accusés

M. Wilson avait présenté sa démission le mois dernier après que le premier ministre australien, Malcolm Turnbull, avait exhorté le Vatican à le limoger. Il reste un évêque ordonné, mais il n’a pas de juridiction.

Les abus sexuels commis sur un enfant de chœur par Fletcher – ce dernier est mort en prison en 2006 – n’avaient pas été contestés à l’audience, mais la justice voulait déterminer si Philip Wilson, alors jeune prêtre, en avait été informé.

L’ecclésiastique a démenti toutes les charges. Ses défenseurs avaient tenté quatre fois d’obtenir l’abandon des poursuites, faisant valoir que la maladie d’Alzheimer dont il est atteint devait lui éviter un procès.

Après une décennie de révélations, le gouvernement australien avait finalement cédé aux pressions en 2012 et créé une Commission d’enquête royale sur les réponses institutionnelles aux crimes de pédophilie.

Dans son rapport, celle-ci avait estimé en décembre que l’Australie avait « gravement manqué à ses devoirs » envers ses enfants pendant des décennies.

Sur la base de témoignages de milliers de victimes, elle avait affirmé que 7 % des religieux catholiques australiens avaient fait l’objet d’accusations d’abus sexuels sur des enfants entre 1950 et 2010 sans que les soupçons débouchent sur des investigations.