Toby Jones et Rachael Stirling dans la minisérie « Main basse sur Pepys Road (Capital) ». Sur Arte. / BBC / ARTE

LES CHOIX DE LA MATINALE

L’Angleterre est à l’honneur cette semaine, avec un thriller d’espionnage vintage qui nous fait plonger dans la société British des années 1950 et un polar qui mêle immigration et agents immobiliers véreux. A moins que vous ne préfériez suivre la descente aux enfers d’un policier de Sao Paulo dans Crime Time - Hora de Perigo.

« The Hour », géopolitique et espionnage

Diffusée par OCS en 2012, puis par Arte en 2013, voici The Hour, une série créée par Abi Morgan en 2011 pour la BBC, au programme de Série Club. Elle raconte les débuts d’une émission géopolitique (fictionnelle mais inspirée par le réel) mise à l’antenne en 1956 par la BBC, au moment de la crise du Canal de Suez et de l’invasion des chars soviétiques en Hongrie. Une équipe jeune, dynamique, est placée sous la direction tonique de Bel Rowley. Mais la censure gouvernementale veille sur les velléités frondeuses de ces journalistes.

Ce thriller d’espionnage vintage, auquel se mêlent de nombreuses thématiques géopolitiques et sociétales de la terne et pudibonde Angleterre du milieu des années 1950, est excellemment interprété par, notamment, Romola Garai, Oona Chaplin, Dominic West, Ben Whishaw et Peter Capaldi. On pourra juste lui reprocher d’avoir voulu mêler trop de thématiques, pas toujours assez développées, et d’avoir laissé la fin de la deuxième (et dernière) saison sur un frustrant suspense, avec un personnage laissé entre la vie et la mort.

« The Hour », série créée par Abi Morgan. Avec Ben Whishaw, Dominic West, Romola Garai, Anton Lesser, Julian Rhind-Tutt, Joshua McGuire, Anna Chancellor, Peter Capaldi, Oona Chaplin. (Royaume-Uni, 2011-2012, 12 x 55 minutes) A la demande sur Série Club.

THE HOUR Extended Trailer - Returns NOV 28 BBC AMERICA
Durée : 01:31

« Crime Time - Hora de Perigo », une descente aux enfers

Crime Time - Hora de Perigo a été tournée au Brésil, en portugais, pour l’application mobile Studio + (qui sera fermée à la rentrée), sous la forme de trois saisons dont les épisodes duraient du huit à seize minutes.

Reformatée en quatre longs épisodes, la série narre la détérioration de la relation amicale entre deux garçons des favelas de Sao Paulo, devenus policiers. Adriano (Erico Bras) se satisfait tant bien que mal de cette vie périlleuse et maigrement rémunérée, tandis qu’Antonio (Augusto Madeira) vise plus haut. A cours d’argent, notamment pour financer les soins médicaux de son fils, ce dernier se compromet en vendant à une émission voyeuriste de la télévision brésilienne, « Hora de Perigo », des images filmées clandestinement sur une scène de crime.

La suite va décrire sa montée au pinacle de la célébrité puis sa chute causée par la spirale infernale dans laquelle il s’est laissé prendre. Les deux premiers épisodes sont prometteurs, mais la suite use de ficelles et d’invraisemblances tellement grosses qu’on perd tout intérêt pour cette descente aux enfers a priori palpitante.

« Crime Time - Hora de Perigo », série créée par José Caltagirone, Valentine Milville et Aurélien Molas, réalisée par Julien Trousselier. Avec Erico Bras, Augusto Madeira, Antonio Saboia, Sabrina Greve (France, 2016, 4 x 43-57 minutes). Canal + à la demande.

Crime Time - Hora de Perigo | Trailer | STUDIO+
Durée : 00:32

« Main basse sur Pepys Road », portrait aigre-doux de l’Angleterre

Capital, diffusé à la fin de l’automne 2015 par BBC 1, au Royaume-Uni, l’avait été par Arte en avril 2017, sous le titre Main basse sur Pepys Road. La chaîne franco-allemande la propose à nouveau au creux de sa saison d’été.

Est-ce une minisérie ou un long téléfilm en trois parties ? On balancera plutôt pour la seconde solution. Ce polar, dont le dénouement est pour le moins inattendu, fait le portrait de groupe assez aigre-doux de l’Angleterre d’aujourd’hui, dont la paisible tradition multiculturelle est menacée par la radicalisation religieuse et les règles inflexibles de l’immigration… Et par la pression que font des agents immobiliers prêts à tout pour faire fuir la population de ce quartier autrefois très middle class et désormais soumis à l’inflation incontrôlable des prix de l’immobilier londonien.

Toby Jones, vu dans la série Wayward Pines et qui incarna, au cinéma, un formidable Truman Capote dans Infamous (2006), de Douglas McGrath, compose un personnage subtilement inquiétant dans sa banalité d’homme peu sensible à sa vie de famille et à ce qui l’entoure.

« Main basse sur Pepys Road (Capital) », minisérie créée par Peter Bowker et réalisée par Euros Lyn. Avec Toby Jones, Rachael Stirling, Gemma Jones, Danny Ashok, Shabana Azmi, Robert Emms, Lesley Sharp (Royaume-Uni, 2015, 3 × 58 minutes). Arte, jeudi 16 août à partir de 20 h 55.

Capital: Trailer - BBC One
Durée : 00:41