Le sénateur Fraser Anning prononce son premier discours devant la Chambre haute du Parlement australien, le 14 août. / HANDOUT / REUTERS

Le sénateur du Queensland Fraser Anning a sidéré, mardi, de nombreux élus australiens en reprenant à son compte dans son premier discours devant la Chambre haute du Parlement la formule de « solution finale », qui désigne le plan nazi d’extermination des juifs d’Europe.

« Si tous les musulmans ne sont pas des terroristes, il est certain que tous les terroristes, de nos jours, sont musulmans, alors pourquoi voudrions-nous en amener davantage ? », a-t-il expliqué lors de son allocution, en demandant un retour à la politique qui voulait que les immigrants attendent cinq ans avant de pouvoir toucher les allocations de l’Etat. « La solution finale au problème de l’immigration est, bien sûr, un vote populaire » sous forme de référendum pour appliquer ces mesures, a-t-il dit.

Le sénateur n’a nullement regretté ses propos mercredi, affirmant qu’il ne connaissait pas le lien entre l’Allemagne nazie et l’expression de « solution finale ». « Je ne regrette rien, et je ne vais pas présenter d’excuses », a-t-il déclaré.

« Je suis fatiguée de devoir me battre »

« Ceux qui tentent de diaboliser les musulmans en invoquant les crimes d’une minorité d’entre eux ne font qu’aider les terroristes », a aussitôt condamné le premier ministre australien, Malcolm Turnbull, ouvrant la voie à d’autres déclarations semblables de la part de nombreux politiciens australiens.

La première élue musulmane du Parlement, Anne Aly, membre du parti travailliste, a notamment pris la parole devant les sénateurs peu après le discours de Fraser Anning. « Je suis fatiguée de devoir me battre, a-t-elle déclaré. Je suis fatiguée de devoir continuellement faire face à la haine et aux calomnies. »

La sénatrice d’extrême droite Pauline Hanson, qui s’était elle aussi fait remarquer au Sénat pour y avoir porté une burqa pour en demander l’interdiction, a également dénoncé les propos de Fraser Anning. « Nous ne sommes pas une société raciale, a-t-elle déclaré. J’ai toujours soutenu qu’on ne devait pas forcément être blanc pour être australien. »

L’immigration est un sujet très sensible en Australie, un pays qui mène déjà une des politiques les plus dures au monde en matière de traitement des clandestins et demandeurs d’asile, qui se voient relégués des années durant dans des camps offshore.

Les chiffres publiés le mois dernier ont montré que le nombre d’immigrants admis en Australie était déjà à son niveau le plus bas en dix ans en raison d’un durcissement des critères d’admission.