Le match opposant le Real Madrid au FC Barcelone le 23 décembre 2017a débuté à 13 heures à Madrid, afin que les fans en Inde ou en Indonésie puissent suivre la rencontre en première partie de soirée. / JAVIER SORIANO/AFP

Facebook cherche-t-il à convertir l’Asie du sud au football ? Dans une zone historiquement acquise au criquet, le football fait son chemin, notamment sur les réseaux sociaux. Et désormais, « les 380 matches de la première division de football espagnole seront disponibles gratuitement pour les usagers de Facebook dans huit pays : Afghanistan, Bangladesh, Bhoutan, Inde, Népal, Maldives, Sri Lanka et Pakistan », précise la ligue de football espagnole dans un communiqué publié mardi 14 août.

C’est la première fois que Facebook acquiert des droits sportifs en dehors des Etats-Unis. Alors que la Liga n’a pas divulgué le montant de la transaction, le quotidien espagnol Marca a avancé le chiffre de 90 millions d’euros.

Qualifié de « pionnier » par la Liga qui y voit « une nouvelle ère dans la retransmission des événements sportifs », l’accord prévoit la diffusion gratuite et en direct des 380 matchs des trois prochaines saisons. Les premiers matchs seront diffusés vendredi 17 août. L’accord, qui vise particulièrement l’Inde, permet à la ligue espagnole de toucher les 350 millions d’utilisateurs que compte le réseau de Mark Zuckerberg dans le pays. Dans les rues de Bombay, il n’est plus rare de croiser des maillots à l’effigie des stars évoluant dans le championnat espagnol, Ronaldo et Messi en tête.

« La Liga est une référence du football mondial et c’est donc une énorme satisfaction pour nous qu’à présent, le nombre de personnes pouvant voir les matches en direct dans cette zone géographique soit plus important que jamais et qu’ils puissent le faire gratuitement à travers Facebook », a commenté le président de la Liga, Javier Tebas.

« Un spectacle de divertissement mondial »

Pour préparer son implantation dans le sous-continent indien, la ligue espagnole a ouvert des bureaux à New Delhi dès 2016, produisant des contenus diffusés sur les réseaux sociaux et spécifiquement destinés au public indien. Le succès est tel que, malgré les liens historiques qui unissent l’Angleterre et l’Inde, la Liga ambitionne désormais de détrôner la Premier League. Pour ce faire, le clasico qui a opposé le Real Madrid au FC Barcelone en décembre 2017 a débuté à 13 heures en Espagne, afin que les fans en Inde ou en Indonésie puissent suivre la rencontre en première partie de soirée.

« La Liga est un spectacle de divertissement mondial. L’année dernière, 2,6 milliards de personnes dans le monde suivaient la Liga et beaucoup en Asie, avait déclaré à cette occasion Joris Ever, le responsable de la communication de la ligue espagnole à l’agence Reuters. Nous tenons à leur offrir la possibilité de regarder le Clasico sans avoir besoin de rester debout jusqu’au milieu de la nuit ou de déclencher une alarme pour se réveiller très tôt. » Dans les rues de la capitale indienne, près de 20 000 fans des deux équipes se sont rassemblés pour suivre le match.

Après l’obtention par Amazon des droits de la Premier League en juin, cette opération confirme les ambitions des plates-formes numériques dans le monde du sport. Facebook confirme donc son intention d’acquérir plus de droits dans le sport, après avoir fait une offre de 600 millions de dollars (529 millions d’euros) pour la compétition de cricket, l’Indian Premier League, et l’obtention d’un lot de droits de la Major League Baseball aux Etats-Unis.

Peter Hutton, responsable de la programmation des sports chez Facebook, a qualifié ce partenariat d’expérimental et a cherché à relativiser la volonté du réseau social d’acquérir des droits similaires à l’avenir. « Nous sommes sur d’autres deals qui sont sur le point d’être conclus, mais notre objectif n’est pas d’acquérir une grande quantité de contenus dans le monde », a-t-il déclaré à Reuters. « Nous sommes à la recherche de droits précis pour des marchés spécifiques pour en tirer des données qui nous permettront de nous améliorer et d’identifier quelle est la marche à suivre. Si on se précipite sur trop de deals à la fois, nous risquons de ne pas faire les choses correctement. »