Le logo de Tencent, à Shanghaî, en Chine, le 3 août. / ALY SONG / REUTERS

Nouveau coup dur pour Tencent : le géant chinois du Web, en difficulté depuis le début de l’année, a encore perdu 3,9 % en Bourse, mercredi 15 août, quelques heures avant l’annonce de ses résultats trimestriels. Depuis quatre jours, le titre a chuté de 10 %, soit 45 milliards de dollars (39,6 milliards d’euros) de valeur en moins à la Bourse de Hongkong, à la suite de la censure d’un des jeux vidéo les plus populaires de l’année.

Lundi, moins d’une semaine après sa sortie en Chine sur sa plate-forme Wegame, le 8 août, Tencent a dû annoncer le retrait de Monster Hunter : World. Le groupe a expliqué dans un communiqué que le régulateur avait reçu « de nombreuses plaintes » au sujet de ce jeu de rôle du studio japonais Capcom, considéré comme violent. Il s’est vendu à 8 millions d’exemplaires depuis cinq mois dans le monde.

Contexte économique difficile

Depuis le début de l’année, le géant chinois des médias, des réseaux sociaux (Wechat et QQ) et des jeux vidéo, a perdu 150 milliards de dollars de valeur en Bourse, en grande partie à cause de l’apathie du marché des jeux vidéo en Chine. Tencent peut en vouloir à l’administration d’Etat pour la radio et la télévision : elle n’a plus octroyé une seule licence pour un jeu vidéo depuis le 28 mars.

Au premier trimestre 2018, la section jeu vidéo de Tencent n’a fait état que d’une hausse de 5 % de son chiffre d’affaires, sa pire performance après plus de dix ans de progression à deux chiffres chaque trimestre.

Pour Tencent, numéro un mondial du jeu vidéo, c’est un coup dur dans un contexte déjà difficile. Alors que l’économie chinoise ralentit, les tensions commerciales avec les Etats-Unis pèsent sur l’état d’esprit des investisseurs. Tencent souffre aussi d’un reflux, après une année 2017 exceptionnelle qui avait vu sa capitalisation boursière multipliée par 2,5, pour dépasser 500 milliards de dollars en fin d’année.

Depuis plus d’un an, la Chine du président Xi Jinping a resserré le contrôle du Web, ciblant nombre de sites et plates-formes pour des contenus « vulgaires » ou pas assez patriotiques. En avril, Tencent avait déjà été averti, avec plusieurs autres entreprises de médias, qui avaient dû suspendre leurs plates-formes de partage de contenu en ligne. Bytedance, une start-up derrière l’agrégateur d’informations Jinri Toutiao, avait été obligée de fermer définitivement une plate-forme de partage de courtes vidéos, Neihan Duanzi, accusée par le régulateur de s’être spécialisée dans les contenus vulgaires. Le patron de Toutiao, Zhang Yiming, avait promis de faire passer ses effectifs destinés à la surveillance des contenus de 6 000 à 10 000 personnes.

A la fin du mois de juillet, les autorités ont ordonné la fermeture de sept sites de streaming, et suspendu pour un mois huit autres. Le 2 août, une autre plate-forme de streaming, Douyu, soutenue par Tencent, a même annoncé des « cours d’éducation patriotique » pour toutes ses vedettes du live streaming.