Récifs coralliens d’Entrecasteaux, en Nouvelle Calédonie. / Bastien PREUSS / The Pew Charitable Trust

Les Américains les nomment « pristines », les derniers récifs coralliens encore quasi vierges. La Nouvelle-Calédonie abrite un tiers des 1,5 % de ces récifs encore épargnés. Chesterfield, Bellona, Pétrie, Astrolabe, Entrecasteaux constituent le précieux habitat d’une biodiversité foisonnante de plus de 2 000 espèces de poissons et 310 espèces de coraux.

Face aux menaces de la pollution marine, du réchauffement des températures et de la surpêche, les autorités calédoniennes ont officialisé, mardi 14 août, leur volonté de doter ces atolls et récifs, qui se trouvent dans le parc naturel de la mer de Corail, d’un très haut niveau de protection.

Au total, 7 000 km2 de réserves intégrales et 21 000 km2 de réserves naturelles sont créés. Désormais, tout prélèvement – pêche, sable, pétrole – sera strictement interdit dans certaines zones et la possibilité de s’approcher de certains atolls et îlots requerra une autorisation préalable – notamment pour les bateaux de tourisme –, voire sera totalement proscrite. Ce sont ainsi la totalité des récifs coralliens isolés et en bonne santé de Nouvelle-Calédonie qui se trouvent sanctuarisés.

Le site patrimoine mondial de l’humanité des récifs et atolls d’Entrecasteaux abrite une biodiversité rare. / © JM Boré / WWF

Des règles strictes pour la protection du corail

« Il s’agit de la première mesure concrète pour leur protection depuis la création du parc en 2014, affirme sans ambages Christophe Chevillon, chef de projet au sein du Pew Charitable Trusts, une fondation qui milite pour la défense de l’environnement marin. Avant aujourd’hui, le parc naturel de la mer de Corail n’était qu’une coquille vide et ne protégeait pas la biodiversité et l’environnement marin calédonien. »

Le Pew Charitable Trusts et le WWF ont beaucoup œuvré pour que le parc naturel marin de la mer de Corail – qui constitue l’une des plus vastes réserves marines du monde avec 1,3 million de km2  – se dote de règles plus strictes. Le premier s’est notamment investi dans la sensibilisation et l’information du grand public au moyen de stands et d’activités ludiques pour convaincre du bien-fondé de la consécration en zone protégée. L’ONG est aussi un membre actif du comité de gestion du parc, composé entre autres du collège des coutumiers ainsi que celui d’autres institutions calédoniennes.

Entrecasteaux vu du ciel. / © Kevin Connor / The Pew Trust

Ce classement « permettra désormais de protéger ces récifs et atolls qui abritent une diversité exceptionnelle en surveillant la zone et en y interdisant tout prélèvement par extraction, tout en limitant l’accès du public », explique Christophe Chevillon. Pour lui, la Nouvelle-Calédonie peut toutefois aller plus loin dans la protection de son environnement marin puisque « les 28 000 km2 mis sous haute protection aujourd’hui représentent moins de 3 % de la totalité de la surface du parc ». Et le biologiste de conclure que la protection des précieux atolls et récifs coralliens « est un travail par étapes, cette délimitation en est le premier pas ».