L’Etat est actionnaire de la compagnie à hauteur de 14,3 %. / JOEL SAGET / AFP

Le conseil d’administration (CA) extraordinaire d’Air France-KLM, qui se réunit jeudi 16 août, devrait désigner le nouveau dirigeant de la compagnie aérienne. Celui-ci remplacera Jean-Marc Janaillac, qui avait démissionné de ses fonctions de PDG en mai, après un vote-sanction du personnel sur les salaires.

L’Etat semble bien avoir trouvé son candidat providentiel, après trois mois de recherches et le rejet, fin juin, de la candidature de Philippe Capron, directeur financier de Veolia, en raison de son absence de connaissance du secteur du transport aérien.

Cette fois, le candidat a une solide expérience dans le domaine, puisqu’il s’agit de Benjamin Smith, numéro deux d’Air Canada. « Le conseil d’administration se prononcera ce soir, mais je peux vous dire que le représentant de l’Etat votera en faveur de cette nomination », a déclaré le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire, estimant que « le profil qui est désormais retenu (…) est un excellent profil, une personnalité qui remplit toutes les conditions que l’Etat actionnaire avait posées dans cette nomination. »

Un CA « en catimini »

S’il a l’expérience requise, Benjamin Smith a un autre défaut : il n’est pas français. Ce qui révolte l’intersyndicale d’Air France, qui a publié jeudi un communiqué dans lequel elle « soutient qu’il est inconcevable que la compagnie Air France, française depuis 1933, tombe dans les mains d’un dirigeant étranger, dont la candidature serait poussée par un groupe industriel concurrent ». Elle vise Delta Airlines, compagnie américaine possédant 8,8 % du capital d’Air France-KLM, tandis que l’Etat français est actionnaire à hauteur de 14,3 %.

Les neuf syndicats (CGT, FO, SUD, SNPNC, UNSA-PNC, CFTC, SNGAF, SNPL, Alter − seul le SPAF manque à l’appel), regrettent également que « le sort d’Air France » soit « scellé en catimini lors d’un CA extraordinaire “par téléphone” qui se tiendrait le lendemain du 15 août ». « Air France mérite que l’on agisse avec plus de transparence pour qu’elle reprenne son envol dans les meilleures conditions possibles après ces huit mois d’errance sans dialogue puis sans gouvernance », indique le communiqué.

Si sa nomination se confirme, le nouveau dirigeant du groupe aura fort à faire pour ramener la paix sociale au sein de la compagnie française. Dimanche, Philippe Evain, président du premier syndicat de pilotes d’Air France, le SNPL, a demandé dans une interview au Parisien la reprise de la négociation avortée avec l’intersyndicale, menaçant de « quinze jours de grève ». Les grèves du printemps ont coûté 335 millions d’euros à la compagnie.