Jack Dorsey, en 2015. / Richard Drew / AP

« Il y a trois ans, nous avons fait de la sécurité et de la santé la priorité numéro un de l’entreprise, après dix années d’inaction. Nous avons beaucoup de retard en la matière. Il y a beaucoup d’infrastructures que nous devons changer. Et beaucoup de règles que nous devons réexaminer. » Dans deux entretiens accordés au Washington Post et à la chaîne de télévision NBC, le PDG de Twitter, Jack Dorsey, a de nouveau présenté ses excuses ce 15 août pour des erreurs commises par son réseau social, et promis une nouvelle série de changements dans le fonctionnement du service.

Parmi les principaux points évoqués par M. Dorsey figure l’idée d’afficher un signe distinctif aux comptes automatisés, mais aussi une hypothétique refonte du fonctionnement du bouton « like » du réseau social. Mais la principale mesure structurelle évoquée par le PDG de Twitter consisterait à afficher, autour de Tweet « qui sont mensongers de manière évidente », des messages donnant plus de contexte pour que les utilisateurs « puissent se faire leur propre opinion », a dit M. Dorsey. Le PDG de Twitter n’a pas précisé comment seraient identifiés les messages mensongers, ni d’où proviendrait le « contexte ». Confronté à des critiques similaires, YouTube avait annoncé au printemps que des extraits de l’encyclopédie en ligne Wikipédia seraient désormais affichés sur ses pages autour de vidéos traitant de sujets polémiques ou faisant l’objet de théories du complot.

M. Dorsey a également défendu les choix de Twitter concernant la modération des comptes du conspirationniste Alex Jones, banni cet été de tous les autres grands réseaux sociaux. M. Jones dispose toujours d’un compte sur Twitter, mais a écopé d’une suspension de sept jours ce 15 août après la publication d’un message appelant à « prendre les armes » contre l’establishment et les médias. Pour M. Dorsey, ses concurrents ont répondu à un effet d’entraînement et non à une analyse clinique du comportement d’Alex Jones.

Changer les règles du réseau ne suffit plus, estime M. Dorsey, qui mise sur des solutions techniques pour limiter les risques de désinformation ou encore le harcèlement sur sa plate-forme. « Nous nous tournons souvent vers des changements des règles pour tenter de régler ces problèmes », dit-il, « mais je pense que cela ne fait que soigner les symptômes ». Dans les deux entretiens, il explique également que Twitter a pris du retard parce que l’entreprise ne dispose pas des mêmes ressources financières que Google ou Facebook.

Jack Dorsey a déjà fait, à plusieurs reprises ces dernières années, des mea culpa sur le fonctionnement de son entreprise. Il avait reconnu, dans un courriel interne diffusé par la presse, que Twitter avait été « nul » dans sa lutte contre le harcèlement, notamment des femmes, sur le réseau. Ces dernières années, Twitter a promis à de multiples reprises de prendre des mesures pour limiter les comportements problématiques, avec peu de succès.

Aux critiques publiques s’ajoute depuis peu une fronde interne au réseau social, précipitée par des désaccords sur le traitement réservé à Alex Jones. Une partie du conflit s’affiche désormais sur la place publique – l’un des administrateurs système du réseau social, Jared Gaut, a annoncé ce 14 août qu’il cesserait d’utiliser le réseau social pendant le prochain trimestre pour protester contre les décisions de la direction.