Le directeur général du groupe Air France-KLM, Benjamin Smith, en juin 2016. / Clodagh Kilcoyne / REUTERS

La rémunération de Benjamin Smith, nommé directeur général du groupe Air France-KLM, pourra atteindre un montant maximum de 4,25 millions d’euros par an, soit plus du triple de celle de son prédécesseur, a indiqué vendredi 17 août une source proche du dossier.

Cette somme comprend une part de rémunération fixe de 900 000 euros et une part variable en fonction des résultats atteints, d’un maximum de 150 % du salaire fixe (1,350 million), selon la même source. Le reste des 4,25 millions est une rémunération en actions soumise à la réalisation de l’ensemble des objectifs fixés au directeur général.

En 2017, selon le document de référence du groupe, le montant de la rémunération fixe annuelle de Jean-Marc Janaillac, PDG du groupe, avait été de 600 000 euros, un montant inchangé depuis sept ans, et sa rémunération variable avait atteint 522 000 euros. Soit un salaire annuel total de 1,122 million d’euros. M. Janaillac avait décidé de renoncer à une partie de sa rémunération variable pour la garder à 510 000 euros, au même niveau de celle qui lui avait été attribuée pour 2016. Il n’avait pas bénéficié d’une rémunération variable pluriannuelle ni de rémunération exceptionnelle.

La part variable de la rémunération de M. Janaillac (80 % de sa rémunération fixe et un maximum de 100 % de cette rémunération) reposait sur plusieurs critères de performances financière et qualitative liés à l’efficacité de la gouvernance et à la réalisation des objectifs stratégiques et de développement fixés.

« Rémunération choquante »

Benjamin Smith, un Canadien de 46 ans qui était jusqu’alors numéro 2 d’Air Canada, a été nommé jeudi directeur général d’Air France-KLM. Le montant évoqué pour sa rémunération a immédiatement provoqué la polémique dans les rangs de la gauche de la gauche, de la droite et de l’extrême droite.

« Pourquoi doit-il gagner trois fois plus que son prédécesseur ? Alors qu’on refuse toute augmentation aux salariés », a demandé le député de La France insoumise Alexis Corbière dans un tweet. « Il faut revenir sur ce salaire mirobolant », c’est une décision « honteuse », a également critiqué le porte-parole du PCF Olivier Dartigolles sur LCI. Le nouveau patron, Benjamin Smith, est « le même qui va expliquer aux salariés d’Air France qu’il faut aller vers la modération salariale », s’est-il insurgé.

Pour le député UDI Bertrand Pancher, « la hauteur de sa rémunération est choquante », a-t-il dit au Parisien, et il faut une « explication de texte » du gouvernement – sachant que l’Etat détient 14,3 % du capital de la compagnie. La commission du Développement durable à l’Assemblée nationale va auditionner M. Smith en septembre, a précisé M. Pancher.

Le porte-parole du Rassemblement national (RN, ex-FN), Sébastien Chenu, a abondé dans le même sens en dénonçant « un dirigeant étranger poussé par un groupe concurrent, au salaire exorbitant… La France recule, avec la bénédiction d’Emmanuel Macron », en a-t-il conclu.

Au sein de la majorité LRM, le député Aurélien Taché a remarqué que si « le conseil d’administration d’Air France a validé ce salaire, c’est qu’il pense certainement que la compétence et l’expérience de M. Smith le justifient ». Or, le nouveau patron a selon lui « un bilan remarquable » et un « parcours (qui) laisse penser qu’il est vraiment l’homme de la situation ».