Le président de la République Emmanuel Macron (au centre) lors des commémorations du 74e anniversaire de la libération de Bormes-les-Mimosas, le 17 août. / YANN COATSALIOU / AFP

« Comme d’habitude », comme l’entonne l’orchestre des sapeurs pompiers du Var venu accompagner le « pot de l’amitié » qui conclut la deuxième sortie publique d’Emmanuel Macron à Bormes-les-Mimosas, le déplacement du chef de l’Etat s’est déroulé sous haute sécurité et loin des journalistes.

Juste avant son arrivée à l’hôtel de ville pour commémorer le 74e anniversaire de la libération de Bormes-les-Mimosas par les alliés en 1944, l’Elysée faisait savoir par communiqué qu’Emmanuel Macron s’était entretenu avec Angela Merkel par téléphone pour évoquer les sujets internationaux : « la Syrie et en particulier les risques humanitaires dans la région d’Idlib (…) et le secours des migrants en Méditerranée. »

Deux façons d’éviter soigneusement la politique nationale : l’affaire Benalla – sur laquelle le chef de l’Etat ne s’est toujours pas exprimé publiquement – et les dossiers chauds qui l’attendent à la rentrée – la réforme constitutionnelle, les retraites, le prélèvement à la source et l’épineux budget 2019, alors que les prévisions de croissance ont été récemment revues à la baisse. « Je veux poursuivre la transformation du pays sur tous les plans, économique et social mais la cohésion » a simplement glissé au Monde le président de la République, entre des dizaines de selfies et de poignées de main. Alors qu’il pourrait intervenir dans les médias dans les prochains jours (ce que l’Elysée ne confirme pas), Emmanuel Macron a simplement ajouté : « Je suis toujours au contact des Français et du pays. »

Comme François Mitterrand à la roche de Solutré

En vacances au fort de Brégançon avec son épouse Brigitte depuis le 3 août, le chef de l’Etat s’est fait discret. Aucune de ses sorties n’a été annoncée à l’avance et quand le président s’échappe de l’imposante résidence présidentielle pour aller visiter les environs, il se garde bien d’avertir la presse. « Toutes ses sorties sont privées, il les organise au jour le jour », fait savoir son entourage qui assure que le président « se plaît à Brégançon ».

Au point d’envisager de revenir chaque année à la célébration patriotique du 17 août à Bormes-les-Mimosas, comme François Mitterrand se rendait chaque week-end de la Pentecôte à la roche de Solutré (Saône-et-Loire). « J’ai compris lors de nos rencontres privées qu’il le souhaitait. Ce serait une très bonne nouvelle pour la ville. Qui n’aimerait pas avoir le président chaque année sur ses terres ? » a salué le maire sans étiquette de la commune, François Arizzi.

Le président de la République Emmanuel Macron (au centre) lors des commémorations du 74e anniversaire de la libération de Bormes-les-Mimosas, le 17 août. / YANN COATSALIOU / AFP

« En voisin, même un moment, j’ai voulu être ici parmi vous », déclare, en préambule de son allocution, le chef de l’Etat, cravate noire pour l’occasion, devant les 200 personnes venues assister à l’hommage aux morts pour la France. « Ceux qui sont tombés savaient l’extrême précarité de la liberté et du bonheur d’être ensemble, comme nous le partageons ce soir », a poursuivi Emmanuel Macron, accoudé au pupitre, sans note. Il a rendu hommage aux « forces navales, terrestres, aériennes », aux « résistants de l’intérieur » et « aux tirailleurs, spahis, goumiers, zouaves venus pour la plupart du Maghreb et du Sénégal ».

« Retenons la leçon de courage qu’ils nous ont donnée et chérissons comme eux la liberté qu’ils ont défendue, parfois jusqu’à la mort, c’est notre plus grand bien », a conclu le président de la République, sous les applaudissements.

« Je n’ai jamais vu autant de monde à cette commémoration »

De part et d’autre du monument aux morts, les habitants ou vacanciers se poussent pour obtenir la meilleure photo. « Je n’ai jamais vu autant de monde à cette commémoration, on serait très heureux qu’il vienne chaque année », reconnaît Sylviane Verne, jeune retraitée borméenne. « J’espère qu’il va changer les choses en France », poursuit l’ancienne assistante de direction qui a voté pour lui aux deux tours, mais qui se dit « déçue par l’affaire Benalla ».

Comme elle, les badauds venus nombreux à sa rencontre semblent en attente de quelques réponses. « C’était convenu comme discours, je pensais que ce serait un peu plus politique », regrette Christophe Bucchini, 55 ans, responsable technique chez Mobalpa. « J’aimerais lui parler des 80 kilomètres heures, mais je n’oserai jamais ! » sourit Corinne, déléguée médicale, devant le stand de tapenade maison, elle qui « perd beaucoup de temps » depuis la mise en œuvre de la mesure.

Le président de la République Emmanuel Macron (deuxième à gauche) lors des commémorations du 74e anniversaire de la libération de Bormes-les-Mimosas, le 17 août. / YANN COATSALIOU / AFP

Mais la plupart des 500 personnes réunies sur la place Saint-François sont surtout là pour un selfie avec le chef de l’Etat ou au moins lui attraper le bras. « Je suis tellement heureuse de l’avoir vue », sourit une adolescente avec son petit frère. « On dirait qu’ils ont vu Dieu », marmonne une vacancière en partant. Et sa voisine de conclure : « Qu’est-ce que tu veux, c’est Jupiter… ! »