Du courrier destiné à des Palestiniens, à Jéricho (Israël), le 14 août. / ABBAS MOMANI / AFP

Mieux vaut tard que jamais. Plus de dix tonnes de courrier ont été remises à l’Autorité palestinienne (AP) en Cisjordanie, lundi 13 août, après avoir été bloquées pendant huit ans en Jordanie par les autorités israéliennes. Avec l’appui du royaume hachémite, l’AP a finalement obtenu d’Israël que l’ensemble lui soit restitué. La masse de courrier a donc été acheminée au centre de tri postal de la ville palestinienne de Jéricho, près de la frontière jordanienne.

Là, des dizaines d’énormes sacs blancs ou bleus sont entassés dans une pièce, en attente d’être ouverts et triés. Tout ce courrier envoyé entre 2010 et 2018 depuis l’étranger n’est pas encore arrivé à destination, dans les territoires palestiniens occupés : des liasses de lettres moisies, des colis de commandes faites sur Internet ou de médicaments, une chaise roulante expédiée de Turquie en 2015 à destination de la bande de Gaza…

Les employés de la poste palestinienne se chargeront de leur livraison finale. « Cela prendra plusieurs semaines et coûtera très cher car nous devons recruter du personnel supplémentaire et livrer le courrier dans le meilleur état possible. Mais les Palestiniens ont le droit de recevoir leur courrier, même des années plus tard », affirme au Monde Allam Moussa, le ministre palestinien des télécommunications.

« Palestine » au lieu de « Cisjordanie via Israël »

Allam Moussa ne donne pas de raison précise pour expliquer le blocage du courrier. « Cela se passe ainsi depuis des années. Israël ne respecte tout simplement pas ses engagements », avance-t-il. En 2016, les autorités israéliennes et l’AP avaient convenu d’un accord selon lequel les Palestiniens de Cisjordanie pourraient recevoir leur courrier venant de l’étranger directement depuis la Jordanie, sans transiter par Israël. Cet accord entérinait une entente datant de 2008, conclue avec l’appui de l’Union postale universelle (UPU), l’agence des Nations unies qui régule le flux de courrier à l’échelle mondiale.

En 1999, l’UPU avait reconnu la Palestine comme pays observateur et, dix ans plus tard, elle agrégeait le service postal palestinien à la communauté postale mondiale. L’AP avait donc reçu un code pays qui devait faciliter le traitement du courrier international. Une lettre postée de l’étranger pouvait dès lors indiquer sur l’enveloppe « Palestine » au lieu de « Cisjordanie via Israël ».

Dans les faits, l’accord de 2016 n’est pas toujours appliqué. Toutes les entrées et sorties de Cisjordanie, y compris le passage vers ou depuis la Jordanie par le pont Allenby, sont contrôlées par Israël. Invoquant des raisons de sécurité, l’Etat hébreu peut interdire à certaines marchandises l’accès en Cisjordanie, et plus encore dans la bande de Gaza. Plusieurs années de négociations ont ainsi été nécessaires pour que le courrier soit enfin débloqué le 13 août. Dans un communiqué, l’organe du ministère israélien de la défense chargé de coordonner les activités israéliennes dans les territoires palestiniens a simplement confirmé le transfert.