« Diabolo menthe » de Diane Kurys. Sur Arte + 7 jusqu’au jeudi 23 août. / LES FILMS DE L'ALMA / ALEXANDRE FILMS / ARTE+

LES CHOIX DE LA MATINALE

Cette semaine, on peut voir (ou revoir) un documentaire consacré à la première icône populaire féminine du rock, une minisérie drôle et acerbe sur la société britannique contemporaine, un film culte sur les premiers émois de deux adolescentes dans le Paris des années 1960, puis revivre la révolution étudiante de Mai 68.

Debbie Harry, au-delà du cliché

On ne vend pas près de 30 millions d’albums dans le monde sans un certain talent. Et du talent, le groupe Blondie, fondé dans le New York interlope du milieu des années 1970 par de jeunes fauchés emmenés par une chanteuse au charme fou, mais qui n’avait rien d’une poupée sexy sans cervelle, en avait à revendre. « Franchement, y a-t il un groupe de pop américain correct depuis Blondie ? », s’interroge avec un regard malicieux Iggy Pop.

Ce documentaire dévoile la personnalité de Debbie Harry, prête à s’amuser avec son image, capable de se moquer d’elle-même et faisant preuve d’une lucidité rare sur sa carrière, la célébrité, la jalousie au sein du groupe, la drogue, les rapports avec le public, les manageurs véreux, le cinéma. Elle deviendra l’une des femmes les plus photographiées des années 1980. Mais sa plus grande réussite est peut-être d’avoir réussi à échapper au destin de femme-objet pour devenir une artiste au sens le plus noble du terme. Alain Constant

« Debbie Harry : Atomic Blondie ! » de Pascal Forneri (France, 2018, 52 min). Sur Arte + 7 jusqu’au vendredi 24 août.

Chronique subtile de l’adolescence

Au même titre que les crèmes glacées et les barbes à papa, Diabolo menthe est une gourmandise estivale à la saveur édulcorée, dont les films générationnels français, à l’instar de La Boum et Les Beaux Gosses, ont le secret.

Durant l’année scolaire 1963-1964, la caméra de Diane Kurys colle aux basques des sœurs Weber sur les bancs du lycée de jeunes filles Jules-Ferry. Le long-métrage autobiographique aux notes amères et mélancoliques met en lumière une période charnière, entre rigueur et désir de liberté d’une génération annonciatrice de Mai 68.

Deux sœurs que tout oppose sont élevées par une mère divorcée : Anne, 13 ans, découvre les mensonges et séduit le public avec sa moue boudeuse ; Frédérique, 15 ans, se passionne de politique, « strictement interdite dans le lycée, surtout pour les filles ».

C’est le temps des premiers émois, saisis avec une grande justesse d’observation. Des altercations éclatent devant les portes de l’établissement, quand les écolières ne sont pas aux prises avec Madame le censeur. Les références se décèlent avec délectation ; la radio souffle l’assassinat de Kennedy et la mort d’Edith Piaf, une camarade témoigne des événements de la station Charonne. En toile de fond, le programme Salut les copains et les tubes de Johnny. Marion Delpech

« Diabolo menthe » de Diane Kurys (France, 1977, 95 min). Sur Arte + 7 jusqu’au jeudi 23 août.

« Main basse sur Pepys Road », feuilleton policier (en cours)

Main basse sur Pepys Road est-il (ou elle) une série policière ? Si l’on s’en tient aux cartes postales (qui indiquent toutes : « Nous voulons ce que vous avez »), aux photos et aux films passablement inquiétants que reçoivent les habitants de cette tranquille rue résidentielle du sud de Londres, il pourrait bien s’agir de cela. Mais, à ce compte-là, le téléspectateur pourrait être surpris – et, d’une certaine façon, déçu – par un dénouement pour le moins inattendu.

Pourtant l’essentiel du propos de Peter Bowker, qui a adapté pour la télévision le roman Capital (Chers voisins), de John Lanchester, est ailleurs : Main basse sur Pepys Road fait le portrait choral des habitants de ce quartier autrefois très middle class et désormais soumis à l’inflation incontrôlable des prix de l’immobilier londonien. Renaud Machart

« Main basse sur Pepys Road » (« Capital »), minisérie créée par Peter Bowker et réalisée par Euros Lyn. Avec Toby Jones, Rachael Stirling, Gemma Jones, Danny Ashok, Shabana Azmi, Robert Emms, Lesley Sharp (Royaume-uni, 2015, 3 × 58 min). Sur Arte + 7 jusqu’au jeudi 23 août.

Mai 68 : playlist de la révolution étudiante

A ceux qui pensaient que la bande-son de Mai 68 se limitait à la musique folk-pop-rock anglo-américaine, Martin Pénet propose de redécouvrir les artistes et les chansons militantes qui ont accompagné cette révolution politique et culturelle.

Le premier volet de cette trilogie révolutionnaire retrace chronologiquement la période étudiante (du 3 au 13 mai), dont les témoignages d’Evariste et Dominique Grange sur la chanson de terrain viennent compléter les archives de l’Institut national de l’audiovisuel (Renaud, Colette Magny, Jean Ferrat, Georges Moustaki, Claude Nougaro, Maxime Le Forestier…). Le « prophète de la contestation », Léo Ferré, s’entretient au micro de Jacques Chancel dans son émission « Radioscopie » sur France Inter, alors que le jeune Renaud Sechan fait ses premiers pas dans le comité révolutionnaire d’agitation culturelle (CRAC) et lance le groupe Gavroches révolutionnaires. Marion Delpech

INA | Le Hit Parade de 1968
Durée : 31:41
Images : INA

« Les Chansons de Mai 68 » par Martin Pénet pour l’émission « Tour de chant ». A écouter sur France Musique. Les prochains épisodes : le soutien aux grévistes (samedi 18 août) ; les disques autoproduits d’Evariste (samedi 25 août).