Uri Avnery en 2011, au cours d’une interview donnée à l’AFP. / JACK GUEZ / AFP

Journaliste et figure tutélaire du pacifisme israélien, Uri Avnery est mort lundi 20 août à l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv, où il avait été admis quelques jours plus tôt à la suite d’un accident vasculaire cérébral.

Uri Avnery, né Helmut Ostermann en Allemagne, était âgé de 94 ans. Il avait émigré vers la Palestine mandataire après l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler en 1933. Brièvement membre de l’Irgoun, le groupe clandestin armé de droite qui combat alors le mandat britannique, il s’était engagé dans l’armée israélienne après la création de l’Etat d’Israël en 1948. Il avait été blessé lors de la guerre israélo-arabe.

Depuis Uri Avnery était une voix éminente de la paix, s’engageant dans une carrière journalistique, puis politique.

Avocat de la création d’un Etat palestinien, et militant pour la coexistence avec la population arabe, il avait fondé en 1950 Haolam Haze, hebdomadaire critique des institutions israéliennes. Parmi ses faits d’armes : la rencontre, en juillet 1982 et en pleine guerre du Liban, du leadeur palestinien Yasser Arafat. L’entretien, conduit à Beyrouth, alors assiégé par les forces israéliennes, provoque une tempête en Israël, où M. Arafat est alors considéré comme l’ennemi numéro un.

« Optimiste »

Engagé tout à la gauche de l’échiquier politique israélien, Uri Avnery est élu à deux reprises au Parlement, d’abord de 1965 à 1973, puis de 1979 à 1981.

En 1994, il fonde une ONG pacifiste cataloguée à l’extrême gauche, Gush Shalom (Bloc de la paix). En marge des autres mouvements pacifistes, Gush Shalom plaide pour le droit au retour des Palestiniens et de leurs descendants sur les terres dont ils ont été chassés ou qu’ils ont fuies à la création d’Israël en 1948.

Ecrivain prolifique, il écrit une dizaine de livres, dont, en 2014, son autobiographie intitulée Optimiste. Il a reçu de nombreux prix internationaux, dont le prix de la paix Erich-Maria-Remarque en 1995.

Le Monde a publié plusieurs de ses tribunes, comme au lendemain des attentats au kibboutz Metzer en 2002, ou lorsqu’il protestait contre l’opération « Pluies d’été » menée par l’armée israélienne à Gaza en 2006.

Il y a quelques semaines encore, le site de Gush Shalom publiait ses chroniques hebdomadaires. Dans la dernière, datée du 4 août, il s’élevait contre la loi constitutionnelle controversée Israël, Etat-nation du peuple juif.