Instagram, Tumblr, Facebook et autres réseaux sociaux : les artistes engagés en faveur de l’environnement les ont massivement investis. « Parce que partager un dessin sur ces canaux permet de donner envie à celui qui le verra de se renseigner plus sur le sujet, comme le gros titre d’un journal », explique Allan Barte, illustrateur féru de dessin d’humour.

Un humour souvent noir, puisque les créations de l’artiste, surtout partagées sur Facebook et Twitter, ont ces derniers temps, selon l’auteur, « surtout trait au glyphosate et à la question du broyage des poussins ». Mais pour lui, la « beauté de l’illustration » sur les réseaux sociaux réside « justement dans la possibilité de faire rire, puis de faire réfléchir un grand nombre d’’internautes ».

Un dessin d’humour d’Allan Barte. / © Allan Barte

« Mes dessins sont un fou rire sur un bain de larmes », lance pour sa part Pawel Kuczynski. Cet illustrateur polonais met son coup de pinceau au profit de causes qui lui tiennent à cœur, dont l’environnement. Ses fans ont ouvert des comptes Facebook et Instagram où ils rassemblent ses œuvres, ce que l’artiste apprécie particulièrement. « Voir son œuvre vivre sa propre vie, être réinterprétée pour toucher le plus grand nombre – parfois les gens les moins éduqués – permet de faire germer les interrogations dans un vaste public », se réjouit Pawel Kuczynski.

« Eggs », une illustration de Pawel Kuczynski. / © Pawel Kuczynski

Les illustratrices Fanny Lange, de son pseudo « Fanny Lng », et Camille Blache, qui œuvre sous le nom de « Blachette », principalement sur Instagram, ont lancé en juillet le hashtag #DrawForEarth (« dessiner pour la Terre »). Elles veulent « faire passer un message en douceur, en l’occurrence celui que l’environnement fait grise mine, sur le ton de l’humour mais sans donner de leçon ».

Ce mouvement numérique rassemble une vingtaine d’illustrateurs français qui consacrent une grande partie de leurs talents aux enjeux climatiques. Parmi eux, certains bénéficient déjà d’une certaine reconnaissance sur les réseaux sociaux, comme l’auteur de bandes dessinées Pacco. Pour Fanny Lange, il s’agit de « faire prendre conscience par ce mouvement que nous sommes tous responsables de nos actes, qu’il n’y a pas de petits gestes ».

Une illustration de Blachette qui a lancé le hashtag #DrawForEarth avec Fanny Lng. / © Blachette

Une certitude partagée par Cheyenne Olivier, étudiante aux Arts décoratifs de Strasbourg : « La responsabilité de l’illustrateur vis-à-vis du réchauffement climatique, de la disparition des espèces, est incommensurable, puisque par une image simple il peut provoquer l’indignation chez le moins averti des publics ».

La jeune femme dit s’adresser « à l’enfant qui demeure en chaque adulte. Grâce aux réseaux sociaux, nous pouvons l’inviter à réfléchir et à prendre conscience de l’ampleur du désastre environnemental qu’on vit aujourd’hui ».

Muriel Barou, fer de lance de l’illustration militante, assure pour sa part que sa carrière doit beaucoup aux réseaux sociaux, qui ont permis à ses créations « de voler de leurs propres ailes ». C’est d’ailleurs grâce aux retours favorables de son public, surtout sur Facebook, qu’elle peut « se consacrer presque exclusivement aujourd’hui aux illustrations engagées, pour aider tout un chacun à prendre conscience de la catastrophe environnementale qui se profile ».

Une illustration de l’artiste et auteur de roman graphique Muriel Douru. / © Muriel Douru