Facebook a annoncé, ce 21 août, qu’il allait supprimer environ 5 000 options de ciblage publicitaire, pouvant être utilisés pour cibler des internautes en fonction de leur religion ou de leur origine ethnique. Plusieurs enquêtes récentes de la presse américaine avaient montré que ces options de ciblage sont utilisées pour discriminer, notamment, des candidats à un logement ou à un emploi. Le ministère américain du logement a menacé de prendre des sanctions contre Facebook.

En pratique, certains annonceurs choisissaient de ne pas afficher leurs publicités aux personnes qui avaient indiqué, sur leur profil, des centres d’intérêt permettant de déduire leur origine ou leur religion – « anglais comme seconde langue », par exemple, pour exclure les immigrés, ou « fauteuil roulant », pour exclure les personnes à mobilité réduite. Certains de ces centres d’intérêt son directement indiqués par les utilisateurs, d’autres sont automatiquement attribués par Facebook aux profils de ses utilisateurs en fonction de leur navigation ou de leurs « j’aime ».

« Bien que ces options de ciblage ont des utilisations légitimes pour toucher des personnes intéressées par certains produits ou services, nous pensons qu’il est plus important de limiter le risque qu’elles soient mal utilisées. Ce qui inclut la limitation de la capacité des annonceurs à exclure certaines audiences de critères liés à l’origine ethnique ou la religion », indique Facebook dans un communiqué publié ce mardi.

Changement majeur

Cette mesure, de prime abord passablement technique, est en réalité un changement majeur dans le fonctionnement de Facebook. Les publicités ciblées du réseau social tirent en grande partie leur puissance de la très forte granularité avec laquelle un annonceur peut choisir qui il cible. Facebook permet aussi de cibler les utilisateurs du réseau via des critères d’âge, de sexe ou de niveau d’éducation. Ces outils ont également été mis à profit par l’Internet Research Agency (IRA), l’organisme de propagande russe qui a mené de très actives campagnes aux Etats-Unis durant la campagne présidentielle de 2016.

L’étude des publicités de l’IRA, rendues publiques par Facebook en marge de l’enquête parlementaire sur les interférences dans la campagne électorale, avait montré que l’agence avait spécifiquement visé des communautés ethniques ou religieuses, notamment via des publicités incitant les Afro-Américains à ne pas aller voter.

En France, le ciblage publicitaire sur une bonne partie de ces « centres d’intérêts » est illégal, et Facebook ne les propose pas aux annonceurs. La loi française interdit le ciblage publicitaire religieux ou ethnique.