Un partisans du député ougandais Bobi Wine, à Kampala, en juin 2017. / STRINGER / AFP

Le chanteur et député ougandais Bobi Wine a été inculpé de trahison par un tribunal civil, jeudi 23 août. Le tribunal de Gulu (nord) a décidé de le maintenir en détention jusqu’au 30 août, date à laquelle il comparaîtra pour trahison, en compagnie de 34 autres personnes inculpées pour le même motif la semaine dernière. Auparavant, toujours à Gulu, le tribunal militaire présidé par le général Andrew Gutti avait renoncé à des poursuites pour possession illégale d’armes à feu contre Bobi Wine, au motif qu’il devait répondre de l’accusation plus grave de trahison.

L’opposant au président Yoweri Museveni avait été arrêté le 14 août à Arua (nord-ouest), où il était venu soutenir le candidat de son parti à une élection législative partielle. Il avait été inculpé par ce même tribunal militaire deux jours plus tard. Selon la police, deux armes à feu avaient été retrouvées dans la chambre d’hôtel de Bobi Wine à Arua. La possession illégale d’arme à feu est un délit passible de comparution devant la justice militaire, selon la loi ougandaise.

Dès l’annonce de la décision de la cour martiale, Bobi Wine, de son vrai nom Robert Kyagulanyi, a été emmené devant un tribunal civil, où il s’est présenté en boitant et avec une écharpe aux couleurs du drapeau ougandais autour du cou. « Le simulacre de justice et les abus injustifiés des droits de Bobi par l’armée ont pris fin. Maintenant, nous pouvons aller devant un tribunal civil pour obtenir justice », a déclaré un des avocats de la star, Nicholas Opiyo.

Manifestations violemment réprimées

Bobi Wine, 36 ans, s’est imposé comme un porte-parole de la jeunesse ougandaise et un détracteur virulent du président Yoweri Museveni depuis son élection à l’Assemblée nationale en 2017. Son arrestation faisait suite à un incident à Arua, au cours duquel des partisans de l’opposition avaient jeté des pierres sur le convoi du président Museveni, venu soutenir le candidat de son camp à l’élection partielle.

Trente-quatre personnes, dont quatre députés, avaient été arrêtées en même temps que lui, puis inculpées de trahison, pour avoir prétendument cherché à attenter à la sécurité du président.

La semaine dernière, son épouse et son avocat avaient dénoncé un coup monté et accusé les forces de sécurité de l’avoir brutalisé en détention. Sa détention a déclenché des manifestations en début de semaine dans la capitale, Kampala, qui ont été violemment réprimées à coups de gaz lacrymogènes et tirs à balles réelles.

M. Museveni, âgé de 74 ans et au pouvoir depuis 1986, a récemment fait supprimer la limite d’âge pour être candidat à la présidentielle, se donnant la possibilité de se représenter en 2021.