L’heure de la rentrée a sonné pour les partis politiques. Mais le temps des grands raouts, qui a longtemps marqué le retour des vacances, est révolu. Le Parti socialiste ne réunit que ses élus à son université d’été, Les Républicains avancent en ordre dispersé, La République en marche se fait discrète… Tous ont cependant un objectif commun en tête : les élections européennes de mai 2019.

Tour d’horizon des événements organisées par les principaux partis politiques en cette rentrée.

  • La France insoumise veut être le premier parti d’opposition

Quand se déroule son université d’été ? Du 23 au 26 août, à Marseille.

Quels sont les enjeux ? Ce sont les premiers de cordée en cette rentrée politique. Avant tous les autres partis, La France insoumise (LFI) a débuté jeudi, dans la matinée, son université d’été, baptisée « Amfis », à Marseille, où Jean-Luc Mélenchon a été élu député il y a plus d’un an. A l’approche des élections européennes de mai 2019, LFI souhaite incarner, dans la rue et à l’Assemblée nationale, le premier parti d’opposition à Emmanuel Macron.

« Pour nous, l’élection sera aussi un référendum anti-Macron, prévient Jean-Luc Mélenchon dans un entretien à La Provence, jeudi. Faire l’Europe en défaisant la France, pour nous c’est un “non” catégorique. »

A l’occasion de cette université d’été, le parti de M. Mélenchon a d’ailleurs invité des élus du Parti communiste, du Parti socialiste et des Républicains à prendre la parole dans certains débats. Deux députés de la majorité, Sonia Krimi (La République en marche) et Jean-Michel Clément, qui a quitté le groupe LRM pour protester contre la loi asile et immigration, ont également été conviés, mais ont décliné « pour raisons personnelles ».

A l’approche des élections européennes, M. Mélenchon joue désormais la carte de l’apaisement et du rassemblement dans l’espoir d’arriver en tête de la gauche lors de ce scrutin. Dans cette optique, le député européen Emmanuel Maurel, figure de l’aile gauche du Parti socialiste, pourrait rejoindre M. Mélenchon pour ces élections. Les deux hommes se sont d’ailleurs invités à leur université d’été respective, à Marseille, où un ralliement du socialiste pourrait être annoncé.

  • Le Parti socialiste sans militant, ni François Hollande

Quand se déroule son rassemblement ? Du 23 au 25 août, à La Rochelle.

Quels sont les enjeux ? Du côté du Parti socialiste, les militants ne sont une nouvelle fois pas les bienvenus à l’occasion de son rassemblement annuel. En difficulté financière à la suite de ses déconvenues électorales, le PS n’a convié que ses élus à La Rochelle, où ils seront près de quatre cents. C’était déjà le cas en 2017, lors de son université d’été.

« Nous essaierons de réunir à nouveau tous les militants l’année prochaine. Mais nous vivons une période particulière, avec un plan social et un déménagement du siège à préparer. Avec les quarante permanents qu’il nous reste, nous n’étions pas en mesure d’organiser une université d’été », a expliqué à l’Express le premier secrétaire du PS, Olivier Faure. Il clôturera ce séminaire samedi par un discours « sur le pouvoir macroniste, et les combats à mener ».

Olivier Faure devra composer avec les divisions toujours aussi fortes dans le parti. Son initiative de proposer au socialiste belge Paul Magnette – qui a finalement décliné la proposition – la tête de liste du PS aux élections européennes n’a pas toujours été appréciée au sein du parti. « Je n’étais pas au courant, j’ai découvert cela dans la presse, a notamment regretté Stéphane Le Foll dans une interview au Figaro. Ça aurait pourtant pu être l’objet d’une discussion… »

Par ailleurs, l’ancien président de la République, François Hollande, a finalement décidé de ne pas se rendre à La Rochelle. Après avoir envisagé d’y faire un discours sur l’Europe, l’ex-chef de l’Etat, qui était disponible seulement le jour de la clôture, a décliné l’invitation, histoire de ne pas gêner M. Faure. « Il laisse les choses se faire, il n’est pas élu. Sa rentrée se tiendra le 31 août à Cherbourg », a expliqué au Monde son entourage.

  • Le Parti communiste miné par les divisions

Quand se rassemblent-ils ? Du 24 au 26 août, à Angers.

Quels sont les enjeux ? Si le Parti communiste est parvenu à désigner sa tête de liste pour les élections européennes, en l’occurrence l’élu parisien Ian Brossat, il paraît profondément divisé en cette rentrée politique à Angers, à partir de vendredi. Tous ont en tête le congrès extraordinaire du PCF qui se tiendra en novembre, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).

Pierre Laurent, secrétaire national depuis 2010, qui brigue un nouveau mandat – et la direction ont proposé un texte, appelé « base commune ». Il a été adopté par le Conseil national (le Parlement du parti) au début de l’été par 49 voix sur 91 présents (sur les 168 sièges que compte cette instance).

Cette adoption a minima a ouvert la voie à trois propositions alternatives, qui représentent des courants de pensées et des choix stratégiques parfois très éloignés les uns des autres. Un débat entre les signataires des motions comme Pierre Laurent et les députés André Chassaigne et Elsa Faucillon aura lieu. A l’occasion de ce week-end à Angers, seront également organisés des ateliers sur l’Europe et un « speed dating pour parler aux élus », a précisé M. Brossat à l’Agence France-Presse.

  • Les Républicains rentrent en ordre dispersé

Quand se déroulent leurs rassemblements ? Le 25 août à Brive-la-Gaillarde (Corrèze) pour Valérie Pécresse, le 26 août au mont Mézenc (Haute-Loire) pour Laurent Wauquiez.

Quels sont les enjeux ? Comme depuis 2012, il n’y aura pas de « campus d’été » unitaire chez Les Républicains. La rentrée se fera une nouvelle fois en ordre dispersée. « Il aurait pu être plus intéressant de pouvoir organiser une rentrée commune, lors d’une université d’été organisée par les jeunes Républicains ou par le parti lui-même », a regretté le député du Pas-de-Calais, Pierre-Henri Dumont.

La première à dégainer sera Valérie Pécresse, qui réunit ses soutiens vendredi, à Brive-la-Gaillarde, sous la bannière de son mouvement, « Libres ! ». Au programme, des tables rondes sur le pouvoir d’achat, la ruralité et l’immigration avant un discours de la présidente de l’Ile-de-France.

De son côté, le président LR fera sa traditionnelle escalade du mont Mézenc. Laurent Wauquiez devrait contenter une partie de ses soutiens qui le jugent trop peu visible depuis son élection à la tête du parti, en augmentant sa présence dans les médias. Il se rendra par ailleurs, du 7 au 14 septembre, en Nouvelle-Calédonie, en prévision du référendum sur l’indépendance, et effectuera de nombreux déplacements dans les fédérations LR, qui éliront leurs dirigeants en octobre. Le dossier principal reste toutefois les élections européennes, LR n’ayant toujours pas annoncé sa tête de liste pour le scrutin.

  • Une rentrée a minima pour le Rassemblement national

Quand est organisée sa « formation technique » ? Début septembre.

Quels sont les enjeux ? C’est un menu de rentrée allégé qui attend les militants du Rassemblement national, en ce mois de septembre. Pour sa première sortie officielle, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, se rendra à la foire agricole de Châlons-en-Champagne (Marne), le 7 septembre. L’université d’été prévue a en revanche été déclassée en journée de « formation technique » réservée aux élus, le 15 septembre, à Fréjus (Var), et se poursuivra le lendemain par un meeting et le discours de rentrée Mme Le Pen, qui évoquera notamment la question européenne.

L’ex-Front national n’a pas les moyens d’organiser de grand raout de rentrée. Début juillet, les juges français en charge de l’enquête sur l’utilisation de l’argent de Bruxelles par le parti d’extrême droite ont saisi à titre conservatoire deux millions d’euros d’aide publique dus au Rassemblement national. Mme Le Pen dénonçant un « assassinat politique », un appel aux dons lancé dans la foulée de la saisie a permis de réunir plus de 600 000 euros, selon son conseiller, Philippe Olivier, confirmant une information du Parisien. Les finances du parti sont donc limitées, au moins jusqu’au 26 septembre, jour où la cour d’appel de Paris rendra sa décision sur le recours formé par le RN sur cette saisie.

Autre changement en cette rentrée, Marine Le Pen ne réunira pas les militants du RN dans le village de Brachay, comme elle en avait pris l’habitude ces dernières années pour parler à la « France des oubliés ». Ce rendez-vous de rentrée est rendu impossible cette année par le ralliement du maire à son ancien bras droit, Florian Philippot qui est désormais à la tête des Patriotes.

  • Pas d’université d’été pour La République en marche

Affaibli et critiqué en interne pour sa gestion de l’affaire Benalla, le délégué général de la République en marche, Christophe Castaner, n’a pas tenu à organiser d’université d’été pour réunir les militants.

Pourtant, le mouvement fondé par Emmanuel Macron aurait pu saisir l’occasion d’enfin rassembler son « Conseil », à savoir le « Parlement » du parti, dont les statuts exigent qu’il soit convoqué deux fois par an. Cet organe d’environ huit cents membres, symbole supposé de démocratie interne, est pourtant délaissé depuis son intronisation, en novembre 2017. Confronté à la démotivation d’une partie de ses troupes, LRM doit trouver un nouveau souffle en vue des élections européennes.

Selon le Journal du dimanche, le délégué général de La République en marche effectuera seulement une conférence de presse, à Paris, le 4 septembre, pour lancer la campagne des élections européennes. Et le mouvement fondé par Emmanuel Macron compte organiser près de mille événements simultanément le dernier week-end de septembre, selon Le Figaro.