Giovanna Rincon, directrice d’Acceptess-T, organisatrice du rassemblement, demande « de vraies mesures contre la transphobie ». / LIONEL BONAVENTURE / AFP

Roses blanches à la main, plusieurs centaines de travailleurs et travailleuses du sexe et de militants et militantes LGBT ont défilé vendredi 24 août depuis la porte Dauphine, dans l’ouest de Paris, jusqu’à l’endroit du bois de Boulogne où Vanesa Campos, une travailleuse du sexe de 36 ans d’origine péruvienne, a été tuée par plusieurs hommes dans la nuit du 16 au 17 août.

Les agresseurs de Vanesa Campos, toujours en fuite, l’ont blessée mortellement alors qu’elle tentait de les empêcher de dépouiller un client. Il s’agit d’« un groupe de roulottiersqui écume le bois, haut lieu de la prostitution nocturne, et détrousse les clients et prostituées », selon une source policière.

Ce meurtre résulte d’une « responsabilité politique » liée à l’adoption de la loi sur la prostitution, ont dénoncé des associations lors du rassemblement en hommage à Vanesa Campos.

Roses blanches à la main, plusieurs centaines de travailleurs et travailleuses du sexe et de militants et militantes LGBT ont défilé à Parisen hommage à Vanesa Campos, vendredi 24 août. / LIONEL BONAVENTURE / AFP

« Arrêtez nos agresseurs, pas nos clients »

« Trans assassinée, Etat complice! », a scandé le cortège, qui a défilé derrière des pancartes « Justice pour Vanesa » ou « Arrêtez nos agresseurs, pas nos clients ».

« Vanesa était une meneuse dans le combat » contre ces bandes qui sévissent « depuis trois ans » dans le Bois, a dit son « amie et collègue » Romina, une femme trans originaire d’Equateur.

Les organisations présentes, dont l’association de défense des personnes trans Acceptess-T, ont répété leur demande d’abrogation de la loi sur la prostitution adoptée en avril 2016, qui a notamment introduit la pénalisation des clients, désormais passibles d’une amende de 1 500 euros, voire de 3 750 euros en cas de récidive.

Cette mesure a, selon elles, fait baisser les revenus des prostituées et les a obligées à exercer dans des endroits plus isolés, à l’écart de la police, où elles sont davantage exposées aux agressions.

« On a l’impression que nos vies ne comptent pas », a déploré Thierry Schaffauser, porte-parole du Strass (Syndicat du travail sexuel). / LIONEL BONAVENTURE / AFP

« La loi est à cent pour cent responsable de la mort de Vanesa », a déclaré Giovanna Rincon, directrice d’Acceptess-T et organisatrice du rassemblement, qui demande « de vraies mesures contre la transphobie ».

L’absence de réaction au sein du gouvernement, notamment de la part de Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, a également été dénoncée.

« On a l’impression que nos vies ne comptent pas, a déploré Thierry Schaffauser, porte-parole du Strass (Syndicat du travail sexuel). Si un gay du Marais avait été agressé, il y aurait eu une réaction. »

« La prostitution est du viol et de l’esclavage, a écrit dans un communiqué le Mouvement du nid, qui soutient la loi. Le nier, c’est faciliter le passage à l’acte, c’est banaliser le meurtre de Vanesa et de toutes les autres. »