Un spectre hante l’université d’été de La France insoumise (LFI) : la crise au Média. Depuis que les principaux dirigeants de ce pure player (Sophia Chikirou, ex-conseillère de communication de Jean-Luc Mélenchon ; le psychanalyste Gérard Miller et l’entrepreneur Henri Poulain) s’écharpent sur les réseaux sociaux, les dirigeants insoumis se tiennent prudemment à l’écart. Pas question pour eux d’intervenir dans une crise « qui ne les concerne pas ». Pas sûr, pour autant, que cette position soit tenable très longtemps. En effet, en annonçant son départ de la direction de la télé en ligne au début de l’été, Mme Chikirou a indiqué qu’elle rejoignait La France insoumise dans le cadre de la campagne pour les élections européennes en mai 2019.

Cette arrivée inquiète plusieurs dirigeants de La France insoumise qui craignent que la crise au Média parasite la campagne. Surtout, la façon dont a été décidé le retour de Mme Chikirou laisse perplexe Charlotte Girard, qui fera partie du binôme en tête de la liste insoumise avec Manuel Bompard. « J’ai une crainte de parasitage de la campagne, c’est vrai. Son arrivée n’a jamais été discutée, son poste n’est pas encore fixé », explique la responsable du programme de LFI. « Cela n’a pas été discuté, je ne sais pas où cette décision a été prise », confirme une figure de LFI. Un fin connaisseur du mouvement avance : « On est nombreux à dire à Jean-Luc Mélenchon qu’il faut trancher et vite. Il y a une pression pour lui dire de faire attention. »

« Sophia Chikirou garde toute notre confiance »

M. Bompard, ne partage pas cette version, indiquant que Mme Chikirou « supervisera la communication du volet européen de la campagne » : « On en a parlé tous ensemble. La discussion a eu lieu quand on a commencé à réfléchir sur la campagne. On a décidé qu’il y ait un volet européen et un volet national. La nommer à ce poste est la meilleure décision, insiste-t-il. Sophia a fait les campagnes de Jean-Luc Mélenchon mais aussi celles de Bernie Sanders aux Etats-Unis et d’Andres Manuel Lopez Obrador au Mexique. Ce qu’il se passe au Média ce n’est pas notre problème. Les bisbilles internes ne sont pas des motifs suffisants pour ne pas lui confier une telle mission. »

Le député du Nord Adrien Quatennens a, de son côté, assuré que Mme Chikirou « gardait toute [leur] confiance » et qu’elle était « la meilleure candidate pour la tâche qui lui a été confiée ». Contactée, Sophia Chikirou n’a pas répondu à nos sollicitations. Elle doit venir samedi aux amFis (nom officiel de l’université d’été de La France insoumise) qui se réunissent à Marseille jusqu’au dimanche 26 août.