Emmanuel Maurel (PS) durant l’université d’été de La France Insoumise au parc Chanot de Marseille, le 25 août. / Arnold Jerocki/ Divergence pour Le Monde

C’est la question qui revient sans cesse depuis plusieurs mois à la gauche du Parti socialiste : Emmanuel Maurel rejoindra-t-il La France insoumise (LFI) ? Le leadeur de l’aile gauche du PS ne cache pas sa proximité personnelle et politique avec Jean-Luc Mélenchon. Il échange régulièrement avec l’ancien candidat à la présidentielle et les convergences politiques sur l’Europe, la laïcité et l’économie sont nombreuses entre les deux hommes.

Derniers exemples en date de ce rapprochement : Emmanuel Maurel était présent aux AmFis − l’université d’été de LFI − à Marseille ce week-end (comme un autre socialiste, Boris Vallaud, qui était là vendredi). Samedi matin, il animait une table ronde sur les traités de libre-échange avec Mathilde Panot, députée LFI du Val-de-Marne. « On est d’accord sur tout sur les questions de libre-échange, j’ai eu un bon accueil », assure M. Maurel. Jean-Luc Mélenchon fera, quant à lui, le déplacement le 9 septembre à l’université de rentrée du mouvement de M. Maurel, Nos causes communes, qui auront lieu aussi à Marseille.

La France insoumise, qui a encore treize places vacantes sur sa liste pour l’élection européenne de mai 2019, verrait d’un bon œil l’arrivée de l’ancien leadeur du courant de Jean Poperen parmi eux. « Il y a un groupe au sein du PS qui a des orientations proches des nôtres, notamment sur l’Europe. Tous ceux qui partagent nos analyses sont les bienvenus. En tout cas, ils seront plus à leur place ici que sur une liste menée par Pierre Moscovici », estime Manuel Bompard qui conduira la liste aux côtés de Charlotte Girard.

« J’ai peur de l’inertie »

Cette arrivée permettrait également aux « insoumis » de planter une nouvelle banderille au PS. En le dépouillant du chef de son aile gauche, LFI prendrait encore un peu plus l’ascendant sur le parti dirigé par Olivier Faure et renforcerait sa place de principale force d’opposition à gauche.

La direction du PS ne s’y trompe donc pas et a plutôt mal pris ce pas de deux. Selon M. Maurel, Olivier Faure l’aurait tancé par SMS quand il l’a appris. « J’ai toujours dit qu’il fallait travailler avec La France insoumise, s’étonne le député européen. Faure a fait un choix. Les déçus du macronisme reviendront au PS, donc, on doit être de centre gauche. Si c’est le choix qu’il fait, ce sera sans moi. J’ai peur de l’inertie, peur que l’on ait le même slogan qu’en 1999, “Et maintenant l’Europe sociale”… » En clair : M. Maurel redoute une campagne européenne creuse, sans idées nouvelles.

A en croire M. Maurel, rien ne le sépare, sur le fond, des « insoumis », notamment les positions du mouvement populiste de gauche sur les frontières. « Le retour de la frontière ce n’est pas nouveau, rappelez-vous du livre de Régis Debray, Eloges des frontières (Gallimard, 2010). Je me reconnais totalement là-dessus. Je suis pour une politique de contrôle des flux migratoires, nous ne sommes pas des “no borders”. La gauche ne doit pas avoir honte de parler de nation, de frontière, de laïcité. On ne va pas laisser ça à la droite et à l’extrême droite. »

Avant de donner sa décision sur un éventuel départ du PS, M. Maurel préfère attendre de voir s’il arrive à faire « bouger le PS sur l’Europe », en lui faisant adopter une ligne plus à gauche. Il résume ainsi son état d’esprit : « J’essaye de faire gagner mes idées là où je peux. »