Terry Notary dans « The Square », de Ruben Ostlund, sur myCanal. / BAC FILMS / MY CANAL

LES CHOIX DE LA MATINALE

Cette semaine, on peut voir (ou revoir) un documentaire consacré à la plus grande prise d’otages du XXsiècle, revivre le remarquable parcours de Mireille Darc, découvrir un cruel portrait de la société occidentale et écouter un podcast sur la relation qu’entretiennent les écrivains avec le sport.

Mireille Darc, à la vie à la mort

Mireille Darc : une femme libre (1970)
Durée : 11:26

C’est le portrait aussi stimulant qu’émouvant d’une femme française. L’histoire d’une gamine brune, timide et solitaire élevée dans un milieu plus que modeste à Toulon et qui, très tôt, décide de mener une autre existence. De vivre plus près de la lumière, des planches de théâtre, puis des plateaux de tournage. Quitter la torpeur varoise et les pesanteurs familiales pour Paris et ses opportunités était plus qu’un choix : une nécessité pour éviter de sombrer. Icône capable de se moquer d’elle-même, comédienne, actrice, modèle, photographe, documentariste, bonne copine à l’aise au milieu de machos coriaces ou femme libre jouant de son corps au cœur des années pop. Et même femme au foyer, à une époque où Darc et Delon forment un couple de feu : « J’ai envie de dépendre de lui des pieds à la tête ! », lance-t-elle, comme pour provoquer.

La richesse des archives rassemblées, les extraits de films passés à la postérité et la diversité des témoignages (de son assistante et confidente Véronique de Villèle à Michel Sardou, en passant par Michel Audiard, Alain et Anthony Delon, et le photographe Francis Giacobetti, pour ne citer qu’eux), toutes et tous évoquent la grande blonde avec une admiration non feinte. Après avoir visionné ce documentaire, on comprend mieux pourquoi. Alain Constant

« Mireille Darc, la femme libre », de Stéphane Benhamou et Sylvain Bergère (France, 2018, 115 min) à revoir sur France 3 Replay.

« The Square » : un triste héros des temps modernes

Quadragénaire de belle prestance, élégant, d’extraction bourgeoise, écologiquement correct, soucieux du bien commun au point de ­toucher à une forme de masochisme ostentatoire, plus discrètement veule dans tous les compartiments de la vie, le spécimen en question se nomme Christian. Il est divorcé avec deux enfants, exerce la profession de conservateur d’un prestigieux musée d’art moderne.

Le film du Suédois Ruben ­Ostlund, à l’humour mordant, dresse le portrait cruel d’une certaine société occidentale. Au programme : l’Homo suedus contemporain, ­incarnation sophistiquée des ­valeurs occidentales, passé au ­crible d’un ­humour ­polaire, ­mordant, sardonique, confinant parfois au déplaisant. On ­retrouve dans The Square (« Le carré ») ce type d’homme que ­Ruben Ostlund, drôle d’oiseau misanthrope paré du plumage de la critique sociétale, aime spécialement martyriser, parmi les autres personnages qu’il n’épargne pas davantage. ­Jacques Mandelbaum

The Square, de Ruben Ostlund (Suède/Fr., 2017, 145 min) à revoir sur myCanal.

La Mecque, le prédicateur et le GIGN

Postés dans les minarets de la Grande Mosquée de La Mecque, des tireurs embusqués font régner la terreur. A l’aube du 20 novembre 1979, plusieurs centaines de combattants lourdement armés prennent possession du lieu le plus sacré de l’islam, transformant le gigantesque sanctuaire en piège pour des milliers de pèlerins. Les assaillants sont menés par le Saoudien Juhayman Al-Otaibi, prédicateur issu d’une tribu de Bédouins marginalisée, qui a exposé dans un ouvrage les principes de la création d’un véritable Etat islamique en Arabie saoudite. On apprendra plus tard qu’ils exigent l’abdication de la famille royale, l’expulsion de tous les étrangers impies et le retour du pays à un islam pur.

Ce qui fut de fait la plus grande prise d’otages du XXe siècle est donc méticuleusement décortiqué, avec des images d’archives inédites, par Dirk van den Berg, qui a réussi à faire parler face caméra des témoins de premier plan : le fils du général saoudien ayant dirigé l’assaut, l’ex-attaché militaire américain à Djedda, mais aussi d’anciens compagnons de combat de Juhayman et des chercheurs et journalistes réputés. Alain Constant

« Le Siège de La Mecque », de Dirk van den Berg (France, 2015, 55 min) à revoir sur Arte + 7.

L’écriture, un sport comme les autres

L’écrivaine Nathalie Azoulai se demande, dans sa série « L’écriture est un sport comme les autres », diffusée sur France Culture, si la pratique d’un sport peut aider les écrivains à trouver l’inspiration. L’idée, originale, s’inspire de son expérience personnelle. « Je me suis dit que d’autres écrivains pouvaient partager la même expérience et, à partir de là, j’ai construit ma série en me souciant de la variété des pratiques sportives et des profils littéraires », explique l’auteure de Titus n’aimait pas Bérénice, Prix Médicis 2015 – dans un entretien à Télérama.

Dans ce nouvel épisode, Lola Lafon parle de son rapport à la danse, « une affaire de violence, de travail, de souffrance » et à l’écriture : « Je commence par écrire, puis c’est la récompense, ou l’échappatoire. » A retrouver aussi, Sigolène Vinson et le surf ou encore Jean-Christophe Rufin et l’alpinisme, entre autres. Marion Delpech

« L’écriture est un sport comme les autres », de Nathalie Azoulai à réécouter sur France Culture.