Un ex-ambassadeur auprès du Vatican à Washington, l’archevêque Carlo Maria Vigano, a accusé dans une lettre, samedi 25 août, le pape François d’avoir annulé des sanctions contre le cardinal américain Theodore McCarrick, malgré des accusations de « comportement gravement immoral » à son encontre.

« Le Vatican n’a aucun commentaire immédiat », a réagi dimanche matin une porte-parole du Vatican depuis Rome, contactée par des journalistes à bord de l’avion du pape François l’emmenant dans la ville sanctuaire de Knock en Irlande.

« La corruption a atteint le sommet de la hiérarchie de l’Eglise », affirme Mgr Vigano, en allant jusqu’à demander la démission du pape François.

La lettre de onze pages a été publiée simultanément samedi dans plusieurs publications catholiques américaines de tendance traditionaliste ou ultra-conservatrice ainsi que dans un quotidien italien de droite.

Elle a été rendue publique au second jour d’un court voyage du pape François en Irlande, où la question des abus sexuels de l’Eglise dans le monde occupe particulièrement le terrain médiatique.

De premières sanctions dans les années 2000

Mgr Vigano, 77 ans, qui fut nonce – terme désignant les ambassadeurs auprès du Vatican – à Washington entre 2011 et 2016, affirme que Benoît XVI avait imposé des sanctions canoniques contre le cardinal McCarrick vers la fin des années 2000. Le prélat devait quitter le séminaire où il vivait, éviter tout contact public et vivre une vie de pénitence.

Cette mise à l’écart de la vie publique avait été décidée plusieurs années après des rapports de deux anciens ambassadeurs du Vatican à Washington, aujourd’hui décédés, évoquant son « comportement gravement immoral avec des séminaristes et des prêtres ».

Alors qu’il était devenu à son tour ambassadeur à Washington, Mgr Vigano dit avoir écrit en 2006 un premier mémo sur McCarrick à son supérieur à Rome, suggérant même « un traitement médical » à son encontre.

L’archevêque Vigano raconte avoir été interrogé par le nouveau pape François peu après sa prise de fonction, en juin 2013, sur la personnalité de McCarrick.

Selon lui, le pape argentin aurait préféré ignorer ses avertissements et avait annulé de fait les sanctions de son prédécesseur, prenant le prélat américain comme conseiller sur des nominations de cardinaux.

Dans sa lettre au vitriol, l’ancien nonce apostolique aujourd’hui à la retraite met également en cause nommément un grand nombre de hauts prélats de la Curie romaine, dont le numéro deux Pietro Parolin, qu’il accuse tous d’un silence complice sur les agissements de Theodore McCarrick.

Le pape François a finalement accepté en juillet la démission du collège des cardinaux de Theodore McCarrick, 88 ans, archevêque émérite de Washington.

Le vieil homme devra rester reclus dans une maison pour mener une vie de prière et de repentance.