Le représentant américain au commerce, Robert Lighthizer, accompagné de Jared Kushner, le gendre du président Trump, le 26 août à Washington. / ERIC BARADAT / AFP

Les discussions sur la révision de l’accord de libre-échange nord-américain (Alena) se sont poursuivies dimanche 26 août à Washington entre les Etats-Unis et le Mexique, le négociateur en chef pour le Mexique les qualifiant de « pourparlers de la dernière heure ».

A l’issue de cette énième journée de discussions, le représentant américain au commerce, Robert Lighthizer qui était accompagné de Jared Kushner, le gendre du président Donald Trump, a brièvement indiqué dimanche qu’il n’y avait pas encore d’accord.

« Avez-vous un accord ? », lui ont demandé des journalistes à la sortie du ministère où se sont tenus les pourparlers du week-end. « Non, non, non ! », a seulement lancé M. Lighthizer.

« Ne pas chanter victoire »

Ildefonso Guajardo, le ministre mexicain de l’économie, qui a conduit la délégation de son pays, avait affirmé dimanche en arrivant au bureau de l’ambassadeur au commerce qu’on atteignait « les dernières heures de la négociation ». Mais trois heures plus tard, il avait déclaré à des journalistes : « Il ne faut pas chanter victoire ».

Il a rappelé qu’il faudrait « au moins une semaine pour travailler avec le Canada », le troisième partenaire du pacte commercial trilatéral Alena, signé il y a vingt-quatre ans et que l’administration Trump a dénoncé il y a un an.

La veille, Jesus Seade, un conseiller économique du nouveau président élu mexicain – Andres Manuel Lopez Obrador n’est pas encore en fonction – qui participe aux négociations, avait indiqué que la délégation allait encore rester quelques jours dans la capitale américaine : « Lundi ou mardi minimum, peut-être plus ».

Ottawa arrivera ensuite

Pour l’instant, Américains et Mexicains négocient le pan bilatéral de la réforme de l’Alena, tandis qu’Ottawa est censé se joindre à eux lorsque les discussions seront plus avancées. Le Canada s’est déclaré ces jours-ci prêt à se joindre à la table des négociations dès qu’il y sera convié.

La délégation du Mexique, qui comprend également le ministre des affaires étrangères Luis Videgaray, a fait la navette au cours des cinq dernières semaines entre Mexico et Washington pour tenter de résoudre les dossiers avec leurs homologues des Etats-Unis. « Deux, trois thèmes » restaient en suspens pour conclure un accord de principe, a dit le ministre sans donner plus de détails.

L’une des principales pierres d’achoppement dans les négociations bilatérales était la question des règles d’origine dans l’industrie automobile. Les Etats-Unis cherchent à durcir ces règlements, ce qui prive le Mexique des avantages obtenus par les bas salaires et les échanges libres de tarifs douaniers.

Accord vital

Selon des informations de presse, le nouvel accord va augmenter l’exigence de contenu régional pour les véhicules produits en Amérique du Nord, de 62,5 % actuellement à autour de 70 %. Mais il faudra en outre que 40 % de la valeur provienne de régions où les salaires sont d’environ 16 dollars de l’heure. Les véhicules assemblés dans des usines existantes qui ne respectent pas cette règle paient des droits de 2,5 %.

Jesus Seade, un conseiller économique du président élu mexicain, avait assuré la veille que ce dossier de l’automobile était « essentiellement résolu », malgré « certains aspects relevant des délais ou d’autres détails ».

Un autre sujet d’âpres discussions porte sur l’introduction d’un nouveau chapitre sur l’énergie dans l’Alena. Samedi, Donald Trump avait affirmé dans un tweet qu’un accord avec le Mexique était en vue. « Notre relation avec le Mexique se renforce d’heure en heure. De très bonnes personnes dans l’ancien et le nouveau gouvernement, tout le monde travaille bien ensemble… Un grand Accord Commercial avec le Mexique pourrait arriver bientôt ! », avait tweeté le président américain.

Signé en 1994 par l’administration Clinton, l’Alena est jugé « désastreux » par Donald Trump, qui a exigé sa refonte et a envisagé des accords bilatéraux séparés. Cet accord est vital pour le Mexique, qui exporte près de 80 % de ses produits vers le marché américain.