Des milliers de réfugiés rohingya, le 25 août, dans le camp de réfugiés de Kutupalong, au Bangladesh. / DIBYANGSHU SARKAR / AFP

Il y a un an débutait l’exode de plus de 700 000 Rohingya qui ont fui vers le Bangladesh, pour échapper aux exactions (tortures, viols, villages brûlés…) de l’armée birmane. Alors qu’un retour au Myanmar (nouveau nom de la Birmanie) est toujours impossible, des enquêteurs de l’Organisation des Nations unies ont demandé, lundi 27 août, que le chef de l’armée birmane et cinq autres hauts gradés soient poursuivis pour « génocide », « crimes contre l’humanité » et « crimes de guerre » par la justice internationale.

C’est la conclusion du rapport remis par la Mission d’établissement des faits de l’ONU sur la Birmanie. Les enquêteurs de l’ONU recommandent que le Conseil de sécurité fasse appel à la Cour pénale internationale ou que soit établi un tribunal international ad hoc. Ils appellent aussi à des sanctions ciblées contre les auteurs de crimes et à un embargo sur les armes. En mars, l’ONU avait déploré le « nettoyage ethnique », dont sont victimes les Rohingya de Birmanie.

Critiques contre Aung San Suu Kyi

Les enquêteurs de l’ONU s’en prennent également à l’action de la dirigeante birmane, Prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi qui « n’a pas utilisé sa position de facto de chef du gouvernement, ni son autorité morale, pour contrer ou empêcher le déroulement des événements dans l’Etat Rakhine ».

« De par leurs actes et leurs omissions, les autorités civiles ont contribué à la perpétration de crimes atroces. »

Ils ont, néanmoins, fait valoir que les autorités civiles avaient « peu de marge de manœuvre » pour contrôler les actions de l’armée birmane et que « rien n’indique non plus qu’elles ont participé directement à la planification ou à la mise en œuvre d’opérations de sécurité ou qu’elles faisaient partie de la structure de commandement ».

Cette offensive de l’armée birmane a été déclenchée à la fin du mois d’août 2017 à la suite d’attaque de postes-frontières par des rebelles rohingya. S’en suivit une vague de répressions de l’armée birmane à l’encontre de la minorité musulmane d’une ampleur inédite. Depuis, la Birmanie s’est déclarée prête à leur retour et a signé en janvier un accord avec le Bangladesh en ce sens. Mais, près de huit mois plus tard, le texte est au point mort et moins de 200 Rohingya ont été rapatriés.

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