Min Aung Hlaing, le commandant en chef de l’armée birmane. / ANN WANG / REUTERS

Accusé d’avoir tardé à réagir à la prolifération de messages appelant à la violence contre les Rohingya en Birmanie, Facebook a tenu cette fois à agir vite. Lundi 27 août, dans la foulée de la publication d’un rapport de l’ONU sur les crimes commis contre cette minorité ethnique par des civils et des militaires birmans, le réseau social a annoncé avoir banni le compte du commandant en chef de l’armée, Min Aung Hlaing, ainsi que ceux d’une vingtaine d’autres individus et organisations également sanctionnés, comme la télévision militaire Myawady.

La plate-forme américaine dit ainsi avoir supprimé dix-huit comptes Facebook, un compte Instagram (application lui appartenant) et cinquante-deux pages Facebook. « Des experts internationaux (...) ont trouvé des preuves que beaucoup de ces individus et de ces organisations ont commis ou permis de graves violations des droits de l’homme dans le pays », explique Facebook. « Et nous voulons les empêcher d’utiliser notre service pour attiser davantage les tensions ethniques et religieuses. »

Parmi les comptes et pages fermés, certains l’ont aussi été pour « comportement inauthentique coordonné » sur Facebook :

« Nous avons découvert qu’ils utilisaient des pages se faisant passer pour des espaces d’information ou d’opinion indépendants afin de mettre en avant les messages de l’armée birmane. Ce type de comportement est interdit sur Facebook. »

Facebook régulièrement épinglé

Lundi, les enquêteurs de la mission d’établissement des faits de l’ONU sur la Birmanie ont demandé, en conclusion de leur rapport, que le chef de l’armée birmane ainsi que cinq autres hauts gradés soient poursuivis par la justice internationale pour « génocide », « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité ».

Ce document relève également les défaillances de Facebook, estimant qu’il a été « un instrument utile pour ceux qui cherchent à répandre la haine » et que sa réponse a été « lente et inefficace ». Le réseau social avait déjà été épinglé à ce sujet en mars par l’ONU, et avait promis plusieurs fois depuis des améliorations. A la mi-août, une enquête de l’agence de presse Reuters avait pourtant montré que plus d’un millier de messages appelant à la haine contre les Rohingya étaient toujours en ligne au début du mois.

« Bien que nous ayons été trop lents à agir, nous faisons maintenant des progrès », a tenu à souligner Facebook dans son message, rappelant avoir amélioré ses technologies de détection des discours haineux et avoir renforcé ses équipes de modération, notamment pour intégrer davantage de personnes parlant birman.

Il est très rare que Facebook supprime les comptes de personnages officiels aussi haut placés. La question est délicate et s’est notamment posée, dans une autre mesure, pour Twitter, qui doit composer avec les messages de Donald Trump, régulièrement accusés de violer les règles du réseau social. L’entreprise avait fini par expliquer qu’elle ne sanctionnait pas le président américain car elle prenait en compte le facteur d’« intérêt public » de ses messages. Facebook a d’ailleurs précisé, dans son message publié lundi, qu’elle allait « préserver » les données de tous les comptes et pages birmans supprimés.