Aux Philippines, nouvelle plainte pour crimes contre l’humanité contre Duterte
Aux Philippines, nouvelle plainte pour crimes contre l’humanité contre Duterte
Selon les statistiques officielles, au moins 4 400 personnes ont été tuées depuis l’arrivée au pouvoir de Duterte il y a deux ans. Un bilan qu’il faut multiplier par trois pour obtenir le nombre réel de morts, selon les défenseurs des droits de l’homme.
Des familles de victimes manifestaient, le 28 août, contre la politique sanguinaire du président philipin Rodrigo Duterte, l’accusant de crimes contre l’humanité. / ELOISA LOPEZ / REUTERS
Des activistes et les familles de huit victimes de la lutte contre le trafic de drogue menée depuis deux ans aux Philippines ont porté plainte mardi 28 août devant la Cour pénale internationale (CPI) contre le président philippin Rodrigo Duterte, l’accusant de crimes contre l’humanité.
Il s’agit de la deuxième plainte de ce type contre Duterte transmise à la CPI après celle d’un avocat philippin en avril 2017, pour laquelle la cour a ouvert une enquête préliminaire en février dernier. Cet examen doit déterminer si la CPI est compétente ou non pour juger les faits reprochés à M. Duterte. Au terme de cette étape, elle devra dire si elle ouvre une enquête ou si elle referme le dossier. Et elle devra notamment déterminer s’il s’agit de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre.
Au moins 4 400 tués en deux ans
Elu facilement en 2016, le président Duterte avait promis d’éradiquer le trafic de drogue en faisant littéralement abattre des dizaines de milliers de délinquants.
Il assure aujourd’hui ordonner aux policiers d’utiliser leurs armes à feu pour tuer uniquement si leur vie est en danger. La police suit la même ligne de justification. Elle nie les accusations selon lesquelles elle exécute des consommateurs de drogue, affirmant que les personnes tuées sont toutes des narcotrafiquants qui ont résisté à leur arrestation.
D’après les statistiques officielles, qui ont varié au cours du temps, plus de 4 400 personnes ont été tuées par la police depuis l’arrivée au pouvoir de Duterte en juin 2016. Les défenseurs des droits de l’homme affirment qu’il faut en fait multiplier par trois ces chiffres pour obtenir le bilan réel des morts.
Affirmant être la victime d’attaques de la part de l’Organisation des Nations unies et d’infractions à la présomption d’innocence, Rodrigo Duterte avait annoncé en mars qu’il retirait son pays des Etats reconnaissant la CPI. La Cour suprême examinera mardi 28 août ce recours.