Fin 2017, l’exécutif a décidé de geler pendant deux ans (jusqu’à la fin du mois de janvier 2020) la rémunération du Livret A au taux de 0,75 %. / DENIS CHARLET / AFP

Le Livret A a perdu de sa superbe. Tant que l’inflation restait faible, comme cela a été le cas ces dernières années, les Français s’accommodaient de son taux de rémunération historiquement bas, ramené à 0,75 % en 2015. Mais l’indice des prix est reparti à la hausse, progressant même en juillet de 2,3 %, au plus haut depuis six ans. De quoi faire plonger en territoire négatif le rendement réel du placement phare de l’épargne populaire, sans perspective d’amélioration.

Dans son édition du 22 août, Le Canard enchaîné se faisait l’écho des inquiétudes d’un député de la majorité s’exclamant : « Quand les petits épargnants vont s’apercevoir que le taux d’intérêt de leur livret est trois fois inférieur au taux de l’inflation, ça va hurler. » Toutefois, ces craintes laissent de marbre le gouvernement, lequel a porté deux coups successifs à ce produit souscrit par 56 millions de personnes.

Nouvelle formule de calcul

Fin 2017, l’exécutif a décidé de geler pendant deux ans (jusqu’à la fin du mois de janvier 2020) la rémunération du Livret A au taux de 0,75 %, afin de donner un coup de pouce aux organismes de logement social, financés par le fonds d’épargne de la Caisse des dépôts, dont la ressource est indexée sur le taux du Livret A.

L’ancienne formule étant jugée obsolète, les pouvoirs publics ont élaboré dans la foulée un nouveau mode de calcul du taux du Livret A qui s’appliquera à l’issue de la période de gel. Or, cette nouvelle formule va supprimer l’un des attraits majeurs pour les épargnants, à savoir la promesse d’un rendement qui soit au moins égal à l’inflation.

A compter du 1er février 2020, le taux de rémunération combinera la moyenne semestrielle du taux d’inflation et des taux interbancaires à court terme, avec un taux plancher fixé à 0,5 %, largement en deçà du taux d’inflation actuel.

Le ministère des finances assume cette mesure impopulaire. En la rendant publique en avril, il avait souligné que, « pour les trois quarts des épargnants, une baisse de 0,5 % du taux du Livret A [représentait] un moindre rendement de 11 euros par an, soit moins de 1 euro par mois ». En dépit de la reprise de l’inflation, Bruno Le Maire a déclaré, lundi 27 août, à l’occasion d’une rencontre avec l’Association des journalistes économiques et financiers, que la réforme s’appliquerait « sans changement ».

A ce stade, ce placement plébiscité par les Français n’en souffre pas. Sa collecte (le montant des fonds déposés par les épargnants moins les sommes retirées) s’est redressée en juillet, après deux mois de tassement, à 880 millions d’euros.