Entraînement au Rugby Club Massy-Essonne, en octobre 2014. / Jean-François Joly pour Le Mond

C’est un « message aux dirigeants de clubs » qui, en réalité, s’adresse à l’ensemble de l’Ovalie et au-delà. Bien obligé de réagir à l’urgence de la situation, après la mort, le 10 août, du joueur d’Aurillac, Louis Fajfrowski, 21 ans, à la suite d’un choc subi au cours d’un match amical, Bernard Laporte, président de la Fédération française de rugby (FFR), a rappelé, dans une lettre relayée sur les réseaux sociaux, mardi 28 août, plusieurs mesures destinées à « renforcer la sécurité de la pratique de notre sport ».

Ces mesures, regroupées sous le slogan « Rugby bien joué », seront effectives dès cette saison. Elles avaient déjà été présentées aux dirigeants, il y a deux mois, lors du congrès fédéral, à Perpignan. Parmi celles qui sont les plus commentées, figure la réduction des plaquages pour les jeunes joueurs jusqu’à l’âge de 12 ans, dans les écoles de rugby.

A défaut d’interdire tout plaquage, l’idée est d’appliquer peu à peu le jeu à toucher : chaque jeune a désormais obligation de faire une passe deux secondes après avoir été heurté par un adversaire.

Cette nouvelle réglementation est censée « encourager à la prise d’informations, de décisions, au travail des appuis », selon la lettre envoyée aux dirigeants des quelque 1 900 clubs du pays.

« Ce changement dans la formation doit permettre une future pratique cultivant plus encore l’évitement et la passe pour le franchissement. »

Dit autrement : plus les enfants apprendront à jouer dans les espaces, plus ils privilégieront le rugby en mouvement, et non le rugby de collisions qui a cours aujourd’hui chez les adultes, et en particulier chez les joueurs professionnels.

Erosion des licenciés

La mesure est un pari sur l’avenir. Elle constitue aussi un signal visant à rassurer les parents qui craindraient de laisser leur progéniture pratiquer un sport dont l’évolution inquiète.

L’enjeu est d’importance, à l’heure où la FFR lutte contre l’érosion du nombre de licenciés, aujourd’hui estimé à 272 000. En juin 2017, lors de l’assemblée générale organisée à Bourges, Bernard Laporte faisait déjà état d’une « perte de 16 000 gamins à l’école de rugby depuis 2012 », tout en insistant, avec ses mots bien à lui, sur la nécessité de bien « vendre notre sport » pour attirer à nouveau les vocations.

Au-delà de ces annonces concernant les jeunes pratiquants, la transformation du rugby se fait attendre au niveau professionnel, dont les matchs défilent de semaine en semaine à la télévision et inspirent les générations futures. Or, en Top 14 et Pro D2, les championnats de première et deuxième divisions, les retouches demeurent minimes.

Depuis cette saison, au moyen d’un carton bleu, les arbitres pourront imposer la sortie définitive du terrain de tout joueur présentant un « signe évident de commotion cérébrale ». Des pistes existent pourtant pour sécuriser les plaquages, y compris chez les professionnels. Florian Grill, l’un des principaux opposants à Bernard Laporte au sein du comité directeur de la FFR, entend, par exemple, « interdire et sanctionner sévèrement les plaquages » au-dessus de la poitrine, ou encore « matérialiser la ligne de plaquage » autorisée « par une couleur différente sur les maillots ou les shorts ».

Déjà publiées sur Internet, les propositions du président du comité Ile-de-France pourraient animer le débat dès le 31 août, à Lourdes, lors de la prochaine réunion mensuelle du comité directeur de la Fédération.